"J'ai entendu le président de la République (François Hollande, NDLR) dire : 'Oui, ce qu’il faudrait, c'est rendre inéligible à vie ceux qui ont été condamnés' - jusque-là j'étais parfaitement d'accord, c'était dans mon projet présidentiel - 'pour corruption et fraude fiscale'. Ah bon, et pourquoi pas le reste ?", interrogeait Marine Le Pen le 3 avril 2013 dans une interview à la chaîne Public Sénat.
"Mais alors pourquoi pas pour favoritisme ? Pourquoi pas pour détournement de fonds publics ? Pourquoi pas pour emplois fictifs ?", poursuivait celle qui dirigeait alors le Front national (FN), devenu depuis le Rassemblement national (RN).
"Moi, ma veste, elle est immaculée, assurait-elle. Et ils auront beau essayer de s'agiter, ils n'arriveront pas à me salir, parce que j'ai une éthique, j'ai une morale, que je m'y tiens, et que moi, quand je réclame l'éthique et la morale, je me l'applique à moi-même."
Inéligibilité immédiate pour Marine Le Pen, condamnée à deux ans de prison ferme
Renforcer drastiquement les peines dans les affaires de corruption
L'année précédente, dans son livre "Pour que vive la France" (Editions Grancher), ouvrage programmatique publié pendant la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen plaidait pour que "l'arme de l'inéligibilité" soit "utilisée avec beaucoup plus de rigueur". Cette mesure n'apparaissait toutefois pas sur le site recensant ses promesses de campagne.
Fin 2011, elle brandissait déjà cette même arme lors d'une conférence de presse, appelant à "renforcer drastiquement les peines dans les affaires de corruption en matière d'inéligibilité pour les élus".
Clamant son innocence après sa condamnation lundi à cinq ans d'inéligibilité avec effet immédiat, à un peu plus de deux ans de la présidentielle dont elle était jusqu'ici la favorite, Marine Le Pen a dénoncé des pratiques "réservées aux régimes autoritaires" et estimé que "l'Etat de droit a été totalement violé" par "une décision politique".
Le Conseil constitutionnel se penche mardi sur l'inéligibilité, à deux semaines du jugement Le Pen