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Face au stress de Parcoursup, un secteur des coachs privés florissant

"Mes parents et moi, ça nous faisait peur", confie Raphaël, 17 ans. Comme lui, de plus en plus de lycéens et leurs familles se tournent vers des coachs privés pour les aider pour Parcoursup, une activité dopée par les craintes suscitées par la plateforme post-bac.
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"Parcoursup, c'est compliqué. Quand on a quelqu'un qui nous soutient et qui connaît, c'est beaucoup plus accessible", poursuit cet élève de Terminale à Annemasse (Haute-Savoie), qui vise une école de commerce et a déjà fait sept séances depuis septembre pour améliorer sa "méthodologie", travailler sur "sa personnalité", sur son CV, mieux définir son projet. 

Après avoir préparé ses choix, il s'apprête "à les rentrer petit à petit" sur Parcoursup, dont les inscriptions commencent mercredi. Sa conseillère l'aidera aussi pour ses lettres de motivation et ses oraux.

Sarah, 17 ans, en Terminale dans le Val-d'Oise, qui se dit "stressée au quotidien", est aussi aidée par un coach. "C'est vrai qu'on nous informe un petit peu sur Parcoursup au lycée, mais ça reste très général", donc "ça a été bénéfique pour moi", souligne-t-elle.

Acadomia, Eurêka Study, Ton Avenir, Coachingsup... de nombreuses entreprises ou conseillers indépendants proposent du coaching d'orientation, parfois plus spécifiquement orienté vers la préparation du dossier Parcoursup. 

Le prix est élevé. "Un junior peut démarrer à 55-60 euros de l'heure et un senior peut monter à 100 euros de l'heure", résume Dominique Allard, coach indépendante, dont l'activité d'accompagnement Parcoursup "s'est développée" ces dernières années. 

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"Confort"


Chez Coachingsup, les prix oscillent "entre 700 et 1.200 euros, selon les spécificités", avec parfois des dossiers pour l'international, explique son directeur Thierry Phitoussi. "Les demandes sont "en augmentation d'à peu près 25 % d'année en année."

Ton Avenir propose de son côté un "pass Inspiration" Parcoursup à 450 euros, ou un "pass Sérénité" (avec aussi l'inscription sur la plateforme) à 750 euros, pour sept heures de coaching. "Au départ, il y a beaucoup d'angoisse, des parents surtout", résume sa fondatrice Sophie Laborde-Balen, dont l'entreprise accompagne "plusieurs centaines" de familles par an.

Parmi ces parents, Stéphanie Chasles, à Vaucresson (Hauts-de-Seine), y a eu recours pour ses deux fils. Elle estime que "c'est un confort", car "elle travaille beaucoup". 

"Ça peut être des sujets sensibles" avec les parents, donc "avoir quelqu'un d'extérieur qui vous guide un peu et vous conforte dans vos choix, ça peut aider", juge Emilie, à Paris, qui y a fait appel pour son fils, étudiant en relations internationales.

Cécile a de son côté contacté une conseillère pour aider sa fille dans des dossiers à l'étranger, mais pense que "ça ne sert à rien pour des facs en France".

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"Marché de l'anxiété"


Le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste veut "rassurer les familles": "Vous n'avez pas besoin d'un coach pour Parcoursup", dit-il à l'AFP.

"Notre objectif, c'est d'avoir un accompagnement fort pour tout le monde. On a demandé à tous les lycées de faire cet accompagnement, de le renforcer à travers le réseau des conseillers d'orientation", ajoute-t-il.

Mais avec "un conseiller d'orientation affecté pour un bassin de 1.500 jeunes", "l'institution scolaire ne propose pas à tous les jeunes cinq heures ou six heures d'entretien individuel", pointe la sociologue Anne-Claudine Oller, autrice du livre "Le coaching scolaire, un marché de la réalisation de soi".

"Les parents des classes moyennes mettent en place un ensemble de stratégies" car "pour se maintenir socialement, pour obtenir un emploi, on sait que ce qui protège le plus, c'est le diplôme", analyse-t-elle. 

"Il y a un marché de l'anxiété", alimenté par "le stress généré par Parcoursup et la pression scolaire", par "une certaine incertitude sur le fonctionnement du parcours supérieur, qui change d'année en année" et par "le déficit de formation des enseignants concernant l'orientation", renchérit la sociologue Annabelle Allouch.

"Les coachs proposent une forme d'apaisement des familles", poursuit-elle. "La différence entre les classes moyennes et supérieures et les autres, c'est qu'elles ont les moyens de gérer ce stress", estime-t-elle. "C'est source d'inégalité".

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