Une comédienne décrit des "dérives sexuelles" au Théâtre du Soleil il y a une quinzaine d'années

Crédit : Pexels
Une comédienne a décrit des "dérives sexuelles" il y a une quinzaine d'années au sein du Théâtre du Soleil, fondé par Ariane Mnouchkine, lundi devant la Commission de l'Assemblée nationale sur les violences dans les secteurs artistiques.
À voir également sur Brut

Interrogée par l'AFP, Mme Mnouchkine a déclaré qu'elle allait "réunir la troupe avant tout commentaire".

Lycéenne en "option théâtre" à Paris, Agathe Pujol a découvert la troupe en mars 2010. Peu après, sur les conseils d'un comédien, elle entre comme bénévole au service restauration, "à la plonge", y restant près de deux ans dans l'espoir de monter sur les planches. 

"Cette première expérience en immersion totale dans le théâtre, pour moi, une jeune fille jamais sortie de chez elle, a transformé ma vie. Malheureusement, elle l'a transformée en film pornographique", a affirmé Mme Pujol, devant la commission dont les conclusions doivent être rendues publiques le 9 avril.

Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles s'est ouvert

"Il fallait toujours étouffer l'affaire"

La comédienne a décrit comment elle avait "appris les messes basses, les manipulations constantes, le masochisme (...) les addictions diverses, la sexualité imposée - à l'époque, je n'en avais pas conscience", a-t-elle ajouté.

Elle dit avoir été "victime (...) d'une tentative de viol d'un (...) comédien, dans la nuit du 31 décembre 2010, dont beaucoup furent témoins". Il lui a été reproché une "conduite à risque" car elle était ivre, a-t-elle précisé.

"J'en ai parlé (au comédien) Philippe Caubère, pilier du Soleil, il m'a dit de ne pas en parler, que cela n'était rien". 

Selon elle, "les hommes qui travaillaient au Soleil (...) faisaient peser sur nous (elle et d'autres jeunes femmes bénévoles, ndlr) une pression sexuelle constante, que nous ne comprenions pas ou mal (...) comparant particulièrement nos poitrines". 

Interrogée par la présidente de la commission, Sandrine Rousseau, sur l'existence éventuelle d'"un écosystème" favorisant ces violences, Agathe Pujol a répondu : "il y avait des dérives - à l'époque, on voyait pas ça comme des dérives sexuelles - puisque j'avais l'impression qu'on était là pour ça".

"Plusieurs fois", a-t-elle relaté, des jeunes femmes venues au théâtre, dans le Bois de Vincennes (est de Paris), en autostop "finissaient par se faire agresser".

"Quand elles arrivaient au théâtre en pleurs, Ariane Mnouchkine faisait des réunions pour demander aux acteurs de nous raccompagner après. Sauf que ces acteurs-là...", a-t-elle dit, avant de s'interrompre. "Etaient eux-mêmes" des agresseurs, a complété Mme Rousseau.

"Il fallait toujours étouffer l'affaire", a poursuivi Mme Pujol. "C'était toujours une catastrophe quand il y avait ce genre de débordement". 

La comédienne a par ailleurs porté plainte contre Philippe Caubère pour viol et agression sexuelle sur mineur en octobre 2023. Ce dernier est mis en examen, même si ses déclarations en garde à vue ont été annulées. 

"Je voulais la cramer" : le féminicide de Chahinez brûlée vive, aux assises de Gironde

A voir aussi