"Encore une nuit impressionnante au cours de laquelle les Géorgiens ont défendu fermement leur Constitution et leur choix européen", a écrit Mme Zourabichvili sur X, en partageant des images du rassemblement de la veille.
"La détermination dans les rues ne montre aucun signe d'arrêt", a assuré la présidente de ce pays du Caucase, en rupture avec le ouvernement mais aux pouvoirs très limités.
Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012 et accusé par ses opposants de dérive autoritaire prorusse, a déclenché jeudi une nouvelle vague de mobilisation en repoussant à 2028 toute négociation d'intégration dans l'Union européenne.
Cet objectif est pourtant si précieux qu'il est inscrit dans la Constitution de cette ex-république soviétique.
Ce mouvement se produit alors que l'autorité du parti Rêve géorgien est très contestée par l'opposition, qui l'accuse d'avoir "volé" les élections législatives du 26 octobre.
Dimanche soir, pour la quatrième nuit consécutive, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés en agitant des drapeaux européens jusque tard à Tbilissi, la capitale, et dans d'autres villes.
La situation s'est tendue dans la soirée autour du Parlement à Tbilissi. Des manifestants ont lancé des feux d'artifices à l'intérieur du bâtiment, en visant les nombreuses fenêtres cassées et provoquant à chaque fois des cris de joie dans la foule.
Ils ont finalement été dispersés à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène par la police, vers laquelle certains d'entre eux envoyaient différents projectiles.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé lundi que 21 policiers ont été blessés, dont certains "grièvement", lors des manifestations et heurts de la veille.
Au total, 224 personnes ont été interpellées depuis le début des rassemblements la semaine dernière, a ajouté le ministère dans un communiqué.
Les manifestants accusent la police de les violenter. "Ils sont énervés, ils nous battent, ils nous arrosent" mais "on s'en fout", a déclaré dimanche à l'AFP Lika, 18 ans, alors que la police tentait de disperser la foule.
Le mouvement n'a pas de leader clair, mais les Géorgiens rassemblés dimanche se disaient déterminés à continuer de défendre la voie européenne de la Géorgie.
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"Gouvernement prorusse"
Les Géorgiens défilent pour l'UE tout autant que contre la Russie voisine, la foule scandant régulièrement des slogans hostiles à Moscou.
Alexandre Diasamidzé, manifestant de 32 ans, a affirmé que le Rêve géorgien est "un gouvernement prorusse et ils doivent partir".
Le pays niché sur les rives de la mer Noire, reste traumatisé par l'invasion russe de 2008, au cours d'une brève guerre.
Moscou avait ensuite reconnu l'indépendance de deux régions séparatistes frontalières de son territoire, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, où elle maintient toujours une présence militaire.
La Géorgie traverse une crise politique depuis que le parti Rêve géorgien a proclamé sa victoire aux élections législatives de fin octobre.
L'opposition, et la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, estiment le scrutin entaché de fraudes, et l'UE a demandé une enquête.
Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a pour sa part catégoriquement exclu d'organiser de nouvelles élections.
Salomé Zourabichvili a elle annoncé samedi qu'elle refuserait de rendre son mandat à la fin de l'année, comme cela était prévu, tant qu'un nouveau scrutin n'aurait pas lieu.
Les manifestants géorgiens ont reçu l'appui de pays occidentaux et de Bruxelles.
"Le gouvernement géorgien doit respecter la volonté du peuple", a estimé dimanche la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, en dénonçant la "violence" contre les rassemblements.
La colère des opposants se dirige aussi contre la télévision publique, accusée d'être au service du gouvernement et de donner une représentation biaisée des rassemblements.
"Ils sont très, très pro-gouvernement, et ils n'accordent pas beaucoup d'attention aux voix des opprimés", a estimé dimanche Lacha Matiachvili, professeur de 35 ans, devant le siège de la télévision avec d'autres manifestants.
La Géorgie a obtenu officiellement le statut de candidat à l'adhésion à l'UE en décembre 2023, mais Bruxelles a depuis gelé le processus, accusant l'exécutif d'opérer un grave recul démocratique.
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