La grève de jeudi à l'appel de l'ensemble des syndicats de cheminots n'aura que peu d'incidence sur le trafic ferroviaire puisqu'il sera "quasi-normal sur les TGV" tandis que "quelques perturbations sont à prévoir sur certaines lignes régionales", a annoncé mardi SNCF Voyageurs.
La compagnie annoncera mardi après-midi des prévisions plus détaillées au niveau local. Les syndicats de cheminots appellent à une grève de 24 heures jeudi pour dénoncer le démantèlement de Fret SNCF et l'ouverture à la concurrence dans le transport de voyageurs, avant un mouvement reconductible à partir du 11 décembre.
Démantèlement de Fret SCNF
Le mouvement de colère a été déclenché par la confirmation début novembre du démantèlement de Fret SNCF, société leader en France pour le transport de marchandises sur rail, avec à la clef la suppression de 500 emplois sur 5000.
L'entreprise sera remplacée le 1er janvier par deux sociétés, l'une spécialisée dans le transport de marchandise (Hexafret) et l'autre dans la maintenance des locomotives (Technis). La SNCF a promis zéro licenciement en reprenant tous les cheminots non conservés dans d'autres sociétés du groupe.
Ce démantèlement découle d'un accord signé entre le gouvernement et la Commission européenne, après l'ouverture d'une enquête pour aides d'État illégales versées à Fret SNCF.
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Les syndicats dénoncent une privatisation
"On ne peut pas laisser passer ça sans rien faire", affirme Fabien Villedieu, secrétaire fédéral Sud-Rail. L'accord signé avec l'Europe prévoit aussi une ouverture du capital au privé, début 2026.
Les syndicats dénoncent une privatisation, ce que conteste la direction de la SNCF puisque le groupe ferroviaire conservera la majorité du capital.
"C'est un processus de privatisation au sens large", dit le secrétaire général de la CGT-Cheminots Thierry Nier. "Le même processus appliqué à Fret va s'appliquer aux voyageurs demain", poursuit-il.
Les syndicats s'inquiètent du processus de "filialisation" dans les TER puisque le 14 décembre, environ 1.200 cheminots à Amiens, Nice et Nantes vont être transférés de SNCF Voyageurs vers des sociétés dédiées ayant remporté des appels d'offres lancés par les régions pour le marché des TER.
Les cheminots transférés conserveront certains avantages (droits à la retraite, facilités de circulation...) mais verront aussi toute l'organisation de leur temps de travail remaniée, afin de gagner en productivité.
"Il y a une conscience très forte (chez les cheminots) que ces modifications structurelles ne vont évidemment pas dans le bon sens", assure le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel.
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