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Il y a un risque de "retour en arrière" pour les femmes, selon l'autrice de BD Posy Simmonds

Le retour de Donald Trump et l'émergence de mouvements masculinistes font courir un risque de "retour en arrière" pour les femmes, estime la légende de la BD britannique Posy Simmonds dans un entretien accordé à l'AFP en marge du festival de la BD d'Angoulême.
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"C'est un mouvement à droite, très conservateur qui veut que  les femmes restent au foyer, soient obéissantes et passives", déclare l'autrice de 79 ans, Grand Prix de la BD en 2024, à qui Angoulême consacre une rétrospective cette année.

Elle dont les romans graphiques adaptés au cinéma brossent le portrait de femmes libres ("Tamara Drewe", "Gemma Bovery"...) observe avec inquiétude cette montée d'un courant antiféministe. 

"Il y a des choses en ligne qui sont vraiment misogynes", déplore-t-elle dans un français impeccable, préoccupée aussi par la situation politique aux Etats-Unis.

"Avec Trump, c'est un peu inquiétant, sur le sujet de l'avortement, les droits des femmes...", dit cette ancienne dessinatrice du quotidien britannique The Guardian, évoquant la dystopie de la Canadienne Margaret Atwood "La Servante écarlate" où les femmes sont peu à peu privées de leurs droits.

"On commence par empêcher les femmes d'avoir des comptes bancaires et puis, dès qu'elles n'ont pas d'argent, elles ne peuvent plus compter que sur leur mari", développe-t-elle. "En ce moment, on peut imaginer tout". 

"C'est un moment difficile mais il faut faire des choses", affirme-t-elle.

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Une évolution dans le bon sens dans la BD

Dans la BD, autrefois repaire masculin, les choses ont, selon Posy Simmonds, évolué dans le bon sens, comme en témoigne son sacre à Angoulême en 2024 et celui de la Française Anouk Ricard cette année.

"La bande dessinée a toujours été une sphère très masculine mais, pendant les dernières décennies, il y a beaucoup de femmes qui ont infiltré ce boys club. Moi, je suis très heureuse d'en faire partie, de ce boys club", sourit-elle.

À ses débuts au Guardian, pourtant, certains hommes lui demandaient si elle avait "obtenu ce poste en battant des cils" et mettaient en doute qu'elle soit vraiment l'autrice de ces dessins et dialogues mordants, qui brocardent notamment le milieu littéraire.

Posy Simmonds dit toutefois avoir "beaucoup de sympathie pour les écrivains". "C'est une vie solitaire. On a toujours la peur de la page blanche. Et beaucoup d'humiliation que nos travaux soient rejetés. Il y a les autres auteurs qui vendent des millions de livres et toi peut-être 300. C’est une vie précaire", constate-t-elle.

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