Retrouvée 25 ans après avoir tué son bébé, une mère infanticide condamnée à 2 ans de prison avec sursis

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Joanne Sharkey a ôté la vie de son nouveau-né en 1998. Au lieu des dix-sept à vingt années de prison généralement attendues dans ce type d’affaire, la quinquagénaire a été condamnée à deux ans de prison avec sursis, ce vendredi 4 avril 2025 par un tribunal de Liverpool. La juge a estimé que des circonstances atténuantes intervenaient dans cette affaire..
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Une affaire qui “appelle à la compassion”, d’après la juge Eady chargée de l’affaire. Elle estime que le cas “Baby Callum” n’est pas un infanticide banal. Matthew Sharkey, le fils de la prévenue, Joanne Sharkey, assure d’ailleurs que “c’est une mère formidable”. Des faits rapportés par The Guardian et la BBC.

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“Baby Callum”

L’affaire débute en mars 1998, lorsque Joanne Sharkey, originaire de Liverpool et 28 ans à l'époque, accouche - à l’insu de ses proches et notamment de son époux qu’elle voyait peu à cause de leurs emplois du temps - d’un enfant dont elle ôte la vie quelques heures plus tard.

La mère infanticide a étouffé son nouveau-né avant de l’emballer dans deux sacs poubelles et de l’abandonner dans les bois, près du parc d'attractions Gulliver's World. L’enfant mort, rapidement retrouvé, est appelé “Baby Callum” par les policiers. Des recherches sont lancées dans tout le pays pour retrouver la femme qui lui a donné naissance, sans succès. Ce n’est que 25 ans après les faits, en 2023, qu’une correspondance ADN lie “Baby Callum” et Matthew Sharkey, le fils aîné de Joanne Sharkey, né en juillet 1996, soit un an avant “Baby Callum”. L’ADN de Matthew Sharkey avait été récupéré dans le cadre d’une autre affaire ayant eu lieu quelques années plus tôt.

La mère de famille a été retrouvée et arretée pour suspicion de meurtre. Elle reconnaît auprès des autorités un homicide involontaire sur son enfant. Elle aura gardé le secret 25 ans durant. Au tribunal, il est révélé que la mère de famille souffrait d’une grave dépression post-natale, qui n’avait pas été diagnostiquée, après la naissance de son premier enfant Matthew, en juillet 1996.

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Une grave dépression post-natale comme circonstance atténuante

Jonas Hankin, le procureur dans cette affaire, a déclaré que l’accusée Joanne Sharkey avait exprimé “des sentiments de culpabilité et un sentiment de soulagement” lors de son arrestation. Elle aurait ajouté qu'elle avait pensé à le dire à quelqu'un “un million de fois - mais comment le diriez-vous ?”

La mère infanticide s’est confiée lors des interrogatoires. Elle a dévoilé : “Je n'arrivais pas à prononcer ces mots. Ce n'est pas facile de vivre avec tout ce temps. Je pensais que cela arriverait. On ne s'en tire jamais éternellement.” Ajoutant : “C'est obsédant. On y pense tous les jours. On essaie de le repousser, mais il revient.”

La famille de la prévenue, Neil Sharkey, son époux et Matthew Sharkey, le fils du couple, ont dressé un portrait élogieux de Joanne Sharkey. Elle est “une mère formidable”, “pleine de remords” et “ elle accepte la sanction jugée appropriée par les tribunaux.” Le fils du couple, émotif, a été vu versant quelques larmes dans le tribunal.

Joanne Sharkey encourait une peine minimale de prison allant de dix-sept à vingt ans de prison si elle ne souffrait pas d’une dépression à l’époque. Des experts médicaux ont estimé que sa santé mentale “avait considérablement altéré” sa capacité à former un jugement rationnel lorsqu’elle a tué Callum.

Joanne Sharkey, aujourd’hui âgée de 55 ans avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis pendant deux ans ainsi qu’une obligation de suivre un traitement de santé mentale.

La juge Eady qui prononçait la sentence ce vendredi a déclaré : “Vous étiez retournée au travail à temps plein après un congé de maternité et vous sembliez vous en sortir, mais c'était une façade. (...) Vous souffriez en fait de dépression post-natale. (...) Il ne s’agissait pas d’un cas de baby blues, mais d’une période de dépression beaucoup plus prolongée qui vous impactait physiquement et mentalement.”

La juge a poursuivi : “Les experts conviennent que votre mauvaise santé mentale a considérablement altéré votre capacité à former un jugement rationnel et à exercer votre maîtrise de soi. (...) Il n’y a aucune preuve de préméditation et rien d’autre ne peut expliquer vos actes que cette anomalie du fonctionnement mental. (...) Vous n'avez pas trouvé facile de vous exprimer, telle est votre personnalité, mais les preuves sont claires, pas un jour ne s'est écoulé sans que vous ne vous attardiez sur ces questions en appréciant la nature horrible de votre crime.”

Finalement le procureur Hankin a ajouté : “L'intérêt de la société doit primer sur celui de l'accusé.”

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