Alors que l’influence militaire française se réduit en Afrique de l’Ouest et centrale,, Emmanuel Macron a réagi à cette nouvelle donne géopolitique lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France, lundi 6 janvier 2025.
Il a commencé par affirmer : “La France a eu raison d’intervenir militairement au Sahel contre le terrorisme.” Puis il a déploré que “les dirigeants africains [aient] oublié de dire merci [à la France]”, avant de conclure : “Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps.”
Ces derniers mots ont suscité la polémique, auprès des dirigeants africains tout d’abord, mais aussi au sein de la gauche française. Les premiers reprochent à Emmanuel Macron “un comportement d’un autre temps”, notamment le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, quand La France insoumise pointe du doigt “l’attitude paternaliste” du président français.
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Des chefs d'États africains abasourdis
Depuis 2013, la France était présente au Sahel afin de réprimer la menace terroriste. Une vague de coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger entre 2022 et 2023 a poussé les troupes françaises vers la sortie, ces trois pays s’étant rapprochés de la Russie.
Pour les présidents du Tchad et du Sénégal, les dernières sorties médiatiques d’Emmanuel Macron ont du mal à passer. Le dirigeant tchadien Mahamat Idriss Deby Itno estime que le président français “se trompe d'époque”. Il affirme : “Je voudrais exprimer mon indignation vis-à-vis des propos récemment tenus par le président Macron qui frisent le mépris envers l'Afrique et les Africains. Je crois qu'il se trompe d'époque." Le président tchadien a fini par ajouter : “En ce qui concerne le Tchad, la décision de mettre fin à l'accord de coopération militaire avec la France est entièrement une décision souveraine du Tchad. Cela ne souffre d'aucune ambigüité.”
Abderaman Koulamallah, le ministre tchadien des Affaires étrangères a rappelé dans un communiqué le "rôle déterminant" de l'Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des guerres mondiales que "la France n'a jamais véritablement reconnu", ainsi que "les sacrifices consentis par les soldats africains". Il a aussi directement adressé un reproche au chef de l'État français, Emmanuel Macron. "En 60 ans de présence (...), la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien.”
À l’ouest du continent, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, s’est exprimé sur les réseaux sociaux. Il rejette totalement la version d’Emmanuel Macron. Il affirme que le départ des militaires français a été unilatéralement approuvé par le Sénégal et que cette décision n’a pas donné lieu à des négociations avec la France. Le Premier ministre sénégalais réfute donc la version d’Emmanuel Macron qui semblait expliquer que le départ du pays s’était fait d’un commun accord, dans le cadre d’une “réorganisation régionale”. Il annonçait : “Nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence. (...) Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l'annonce." Une version rejetée par le Tchad et le Sénégal.
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La gauche s’insurge
En France aussi, les affirmations d’Emmanuel Macron ont provoqué un tollé auprès de la gauche. La France insoumise, la formation politique de Jean-Luc Mélenchon a dénoncé dans un communiqué “des propos qui relèvent d'un aveuglement qui confine à la folie" et révèlent "d’un paternalisme néocolonial tout bonnement intolérable". Le groupe a ajouté que “de tels propos sont politiquement inconséquents et diplomatiquement totalement irresponsables et fragilisent encore davantage nos relations avec les nations d'Afrique de l'Ouest".
Jean-Luc Mélenchon a déploré sur X : “Encore une fois, la désinvolture et les paroles non maîtrisées aggravent les relations internationales de notre pays.”
C'est qui, Jean-Luc Mélenchon ?
