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La Colombie propose de rapatrier à ses frais ses citoyens expulsés des États-Unis

Bogota a proposé de prendre en charge le coût du transport aérien et maritime de ses citoyens qui vont être expulsés des Etats-Unis, afin de garantir que cela se fasse dans des "conditions dignes", mais le président colombien a parallèlement accusé son homologue américain de défendre une "thèse fasciste" concernant les migrants.
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"Nous avons proposé à Mauricio Claver-Carone, envoyé spécial du président américain Donald Trump pour l'Amérique latine de prendre en charge avec effet immédiat le transfert de tous les citoyens expulsés par les Etats-Unis", a annoncé vendredi le ministère colombien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"À cet effet, toutes les options de transport aérien et maritime sont actuellement évaluées", ajoute-t-il.

Dans des déclarations à la chaîne de télévision Univision Noticias, le président colombien Gustavo Petro a répété que son gouvernement ne permettrait pas que les migrants expulsés voyagent menottés.

Le premier président de gauche de l'histoire de la Colombie a parallèlement accusé son homologue américain de défendre une "thèse fasciste" en "criminalisant" les migrants sans papiers.

"Cette attitude visant à criminaliser des groupes de population pour obtenir les applaudissements d'une majorité est exactement la même que celle utilisée par Hitler envers les Juifs", a ajouté Gustavo Petro dans sa première interview accordée depuis la crise diplomatique survenue le week-end dernier entre les deux pays au sujet des conditions du transfert des Colombiens.

Gustavo Petro avait refusé le 26 janvier de permettre l'arrivée de deux avions militaires américains transportant des dizaines d'expulsés colombiens. Il se disait inquiet pour la "dignité" des personnes à bord.

Il s'était plaint de mauvais traitements présumés infligés à ses concitoyens.

Donald Trump avait alors réagi en menaçant de tarifs douaniers et de retirer les visas des responsables du gouvernement colombiens.

L'incident diplomatique s'était apaisé quelques heures plus tard: Bogota déclarant que "l'impasse" avec les États-Unis était "surmontée" et Washington levant ses menaces.

Les Etats-Unis ont expulsé plus de 270.000 migrants en un an

Lutte contre la drogue

Mardi et mercredi, des avions militaires et civils colombiens ont rapatrié à Bogota les premiers groupes de migrants. Selon Gustavo Petro, cela a permis à plusieurs centaines de Colombiens, parmi lesquels plusieurs enfants, de rentrer dans leur pays dans des conditions "dignes". Aucun d'entre eux n'était un "délinquant confirmé", a-t-il ajouté.

L'ambassade des États-Unis à Bogota a rétabli ses services consulaires vendredi après une suspension de quatre jours liée à la passe d'armes entre les deux présidents.

La Colombie s'attend au retour de quelque 27.000 migrants dont les ordres d'expulsion ont été signés ces six derniers mois par l'administration Trump ou celle de son prédécesseur démocrate Joe Biden, a indiqué à l'AFP une source de la présidence.

S'ils atteignent le territoire colombien en 2025, ce serait le plus grand nombre de personnes expulsées des Etats-Unis en une seule année, selon les données disponibles sur un site gouvernemental colombien.

Vendredi, GustavoPetro s'est toutefois par ailleurs dit prêt à discuter en "face à face" avec le républicain sur des sujets comme la lutte contre la drogue.

"Si vous voulez changer cette politique, alors parlons-en. Je suis prêt", a déclaré le président du pays qui produit le plus de cocaïne au monde.

Les États-Unis sont le principal partenaire commercial du pays et leurs forces militaires fournissent depuis des décennies des millions de dollars en coopération pour lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme.

Mais la semaine dernière, Washington a ordonné le gel de la quasi-totalité de l'aide étrangère, avec des dérogations pour l'aide alimentaire d'urgence ainsi que pour l'assistance militaire à Israël et à l'Egypte.

Selon une source policière colombienne interrogée par l'AFP, 18 hélicoptères américains - dont des Black Hawks - dont disposait l'institution cesseront en conséquence de fonctionner.

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