La madrassa est fréquentée par les plus hauts dirigeants du mouvement pakistanais comme afghans.
À Kaboul, un porte-parole du ministère de l'Intérieur taliban a "condamné fermement" cette attaque, l'imputant à "des gens de l'Etat islamique".
"Maulana Hamid ul-Haq est mort (...) la police scientifique étudie la scène du crime et les premiers résultats pointent vers un attentat-suicide", a dit Abdul Rasheed, le chef de la police locale à l'AFP.
Plus tôt, Zulfiqar Hameed, chef de la police de la province montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa qui borde l'Afghanistan, avait donné à l'AFP un bilan de "quatre morts et 13 blessés".
Noor Ali Khan, officier de police, a de son côté évoqué une "explosion puissante" survenue le jour de la grande prière hebdomadaire musulmane dans cet établissement fréquenté toute l'année par des centaines d'élèves, à 110 km au nord-ouest d'Islamabad.
"L'explosion est venue du premier rang, juste derrière l'imam, à l'heure de la prière", a-t-il poursuivi, assurant toutefois ne pas savoir dans l'immédiat si les fidèles étaient encore rassemblés ou s'ils s'étaient déjà dispersés.
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif et son ministre de l'Intérieur Mohsen Naqvi ont condamné un acte "terroriste". L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
Depuis des mois, Islamabad et Kaboul ne cessent de s'accuser d'héberger sur leurs sols respectifs des groupes "terroristes" décidés à attaquer le pays voisin -- plus particulièrement la branche régionale du groupe Etat islamique (EI), l'EI-K.
La madrassa de Akora Khattak est devenue au fil des décennies le symbole des talibans et de leur vision ultra-rigoriste de l'islam.
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L'école du "père des talibans"
Son ancien directeur, Sami ul-Haq, auquel son fils a succédé, s'enorgueillissait d'avoir conseillé le fondateur des talibans, le mollah Omar, ce qui lui avait valu le surnom de "père des talibans".
Sami ul-Haq avait plus tard envoyé des étudiants de la madrassa Haqqania se battre dans les rangs des talibans quand ils avaient appelé à prendre les armes dans les années 90 avant de conquérir le pouvoir à Kaboul en 1996.
De nouveau, au retour au pouvoir des talibans en 2021, la madrassa d'Akora Khattak, surnommée "l'université du jihad", avait dit son soutien à leurs combattants alors qu'ils avançaient sur Kaboul, mettant en déroute la République islamique soutenue par la communauté internationale.
Le réseau Haqqani, qui tenait durant l'insurrection en Afghanistan sa réputation de terreur de ses brigades de kamikazes, tire son nom de l'école, où son fondateur et ses successeurs ont étudié.
Aujourd'hui, ses représentants au sein du gouvernement taliban en Afghanistan passent pour plus pragmatiques que les partisans du chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, et ses anciens kamikazes sont désormais chargés de tenir des check-points ou de sécuriser des bâtiments publics.
Plusieurs extrémistes pakistanais ayant ensuite attaqué leur propre pays ont aussi entretenu des liens avec la madrassa, dont l'assassin de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto, tuée en 2007.
Les madrassas radicales au Pakistan avaient reçu un afflux d'argent dans les années 1980 lorsqu'elles servaient de vivier à la guerre contre l'URSS an Afghanistan, soutenue par les États-Unis et l'Arabie saoudite. Elles sont depuis lors restées en contact étroit avec les agences de renseignement pakistanaises.
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