Il incendie sa chambre après y avoir été enfermé pendant 20 ans

Crédit : Police Waterbury
Un homme de 32 ans a été retrouvé en vie après un incendie. Il explique ne pas être sorti de chez lui depuis près de 20 après avoir été séquestré par son père et sa belle-mère.
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Les pompiers qui se sont précipités au numéro 2 de la rue Blake, à Waterbury (Connecticut), aux États-Unis, le 17 février dernier pensaient sûrement éteindre un feu comme un autre. Une mission somme toute banale pour des pompiers. Pourtant, l’homme qu’ils vont secourir, en plus d'être rescapé des flammes, est un survivant. Il a été séquestré et maltraité des années durant par son père et sa belle-mère. Trente-deux années de calvaire auxquelles il a mis fin en incendiant la chambre dans laquelle il a été retenu captif vingt ans, comme le relate le quotidien new yorkais, The New York Times.

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Des révélations choquantes

L’homme - dont l’identité n’a pas encore été révélée - a réussi a incendié la chambre dans laquelle il vivait depuis vingt ans grâce à du liquide désinfectant et un briquet qu’il a trouvé dans la poche d’une veste appartenant à son père décédé en janvier dernier. Il a avoué aux autorités avoir mis le feu à sa chambre car il “croyait que c'était la seule issue possible”.

C’est un homme à l’allure frêle qui est secouru par Gabriel Goja, pompier, le 17 février dernier à 20h42. Il était détenu depuis 20 ans au dernier étage de la maison de ses parents. Sauvé, l’homme, sale et mal en point, reste d’abord muet. C’est sur le chemin de l'hôpital que la langue du rescapé se délie. Il indique avoir 32 ans et être resté dans sa chambre 23 heures par jour pendant 20 ans, ne la quittant que pour effectuer des tâches ménagères ou sortir le chien. Une enquête débute immédiatement.

Steve Brownell, détective au département de police de Waterbury qui interroge l’homme à l'hôpital, affirme qu’à cause de sa maigreur, l’homme ressemblait à “un survivant de l’Holocauste”. Il mesurait 1,75 mètres mais ne pesait que 30 kilos. Il n'avait vu ni médecin ni dentiste depuis vingt ans. Parfois, on lui donnait un sandwich. Ses dents étaient si cariées qu'elles se cassaient souvent lorsqu'il mangeait.

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Un cas de maltraitance infantile classique

Une allure négligée, un comportement inhabituel et une insouciance exagérée avaient pourtant poussé les professeurs puis les autorités à s’inquiéter du cas de l’enfant. La police de Waterbury et le Département de l’enfance et de la famille du Connecticut ont été contactés à de nombreuses reprises. Enfant, il aurait notamment été aperçu par ses professeurs et ses camarades de classe se nourrissant de restes alimentaires dans les poubelles. Il volait aussi la nourriture des autres élèves de son école.

Le père de l’homme, Kregg Sullivan ne supportant plus les accusations de maltraitance portées à son encontre avait décidé de désinscrire son fils du système scolaire classique pour lui faire à la place l’école à la maison. C’est en 2005, alors qu’il avait 12 ans, que toute trace de l’enfant a été perdue.

Une pièce de 2,4 m sur 2,7 m au dernier étage d'une maison délabrée

Interrogé, l’homme a révélé qu’après avoir été déscolarisé par son père, il n’a poursuivi que quelque temps l’école à la maison. Il poursuivra seul son éducation, lisant et relisant inlassablement les mêmes ouvrages, recherchant les mots dont il ignorait le sens dans un dictionnaire.

Il a très vite été enfermé dans la chambre de l’horreur. La porte était renforcée par du contreplaqué. La pièce de 2,4 m sur 2,7 m au dernier étage de la maison décrépie du 2 rue Blake servait à la fois de chambre à coucher, de salle de vie et d’espace sanitaire. Il y était contraint de déféquer dans des journaux et d'évacuer son urine par la fenêtre du deuxième étage.

Lorsqu’il ne lisait pas, l’homme passait ses journées à compter les voitures par la fenêtre, ou à écouter la radio, il suivait surtout les matchs de basket de l’université du Connecticut ainsi que les courses de la Nascar.

Face à la justice

En mars, la belle-mère de l’homme, Kimberly Sullivan, 57 ans, a comparu devant la Cour supérieure de Waterbury. Elle est accusée d'enlèvement, d'agression, de cruauté, de séquestration et de mise en danger d'autrui. Si elle est reconnue coupable de tous les chefs d'accusation, elle risque la prison à vie. Elle a plaidé non coupable. Sa prochaine audience est attendue le 22 avril.

Son avocat, Ioannis Kaloidis, s’exprimant lors d’une interview a déclaré : “Elle maintient catégoriquement qu'elle n'a rien fait de mal.” Il a également imputé la responsabilité au père, Kregg Sullivan.L’avocat a ajouté : “Ils font croire que Kim Sullivan prenait toutes les décisions, qu'elle le retirait de l'école, qu'elle décidait de ce qu'il allait ou non manger, qu'elle décidait quand il allait chez le médecin”. Poursuivant : “Elle n'était pas la mère de l'enfant.” Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, Ioannis Kaloidis a contesté les affirmations de l'homme concernant sa captivité : “Où sont les menottes ? Où sont les chaînes ? Où sont les signes de contrainte ? Ça ne colle pas.”

Il a été révélé que l’homme a également deux petites sœurs, aujourd’hui âgées de 27 et 29 ans, qui semblent avoir eu une vie plus conventionnelle que la sienne. On ignore pour l’heure dans quelles conditions elles ont grandi. Elles ne se sont pas encore exprimées dans le cadre de l’affaire.

Pour l’heure, l'homme, qui se rétablit dans un centre médical du Connecticut, n'a pas encore fait de déclaration publique. La police n'a pas publié de photo de lui, ni divulgué son nom. Un tuteur, dont l'identité n'a pas été rendue publique, a été nommé par le tribunal pour protéger les intérêts de l'homme.

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