Dans l’imaginaire collectif, les médias et les politiques publiques, la banlieue rime avec jeunesse.
Pourtant, un phénomène passe sous les radars : les quartiers populaires vieillissent.
Et avec eux, des milliers de personnes âgées qui se retrouvent enfermées dans des logements inadaptés, isolées, oubliées.
Selon l’Union social pour l’habitat (USH), dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), plus de 18 % des habitants sont des personnes âgées, et dans le parc social, 30 % des locataires ont 60 ans et plus.
Et malgré ces chiffres, rien ou presque n’est pensé pour eux.
Des logements inadaptés : “Ça fait 20 ans que c’est comme ça.”

Les QPV sont très peu dotés en structures adaptées : seulement 7,4 % des résidences autonomie et 1,8 % des EHPAD y sont implantés.
Des appartements trop petits, mal chauffés, sans ascenseur… C’est le quotidien de nombreux aînés dans les quartiers populaires. Ces logements, construits dans les années 1970-1980 pour des familles nombreuses, ne sont pas adaptés aux besoins du grand âge.
Sonia, 80 ans, vit en Île-de-France, au 6ᵉ étage d’un immeuble où l’ascenseur tombe souvent en panne : “Ça fait 20 ans que c’est comme ça.”
Ce manque d’adaptation condamne ces aînés à l’enfermement. “Depuis 4 ans, je ne sors plus de chez moi, l’ascenseur est en panne et je ne peux pas descendre”, confie David, 80 ans.
Des quartiers désertés : “Tout a fermé”

Les quartiers où ils ont vécu toute leur vie se transforment… et pas en mieux.
Des bancs publics inexistants, des trottoirs endommagés, des commerces de proximité fermés … rendant leur quotidien difficile.
“Avant, il y avait une librairie, un coiffeur, un bureau de poste. Tout a fermé”, raconte Christiane, 91 ans, du Centre-Val-de-Loire.
Au-delà des commerces, c’est aussi le lien social qui s’effrite. “Avant, on faisait des repas entre voisins, c’était agréable. Maintenant, tout le monde s’ignore”, regrette Jean, 95 ans.
Isolement : la grande détresse silencieuse, “je suis seule, seule jusqu’à la fin”

L’isolement touche de plein fouet ces aînés. En 2019, l’association Petits Frères des Pauvres avait révélé que les QPV présentaient le risque d’isolement le plus fort pour les aînés.
Pour Hamid, 73 ans, “être isolé, c’est pas facile. Je suis dans une prison vivante.”
Beaucoup vivent seuls, sans famille à proximité. “Je suis seule, seule jusqu’à la fin”, lâche Anne-Marie, 86 ans.
Et pour certains, leurs seuls compagnons sont leurs animaux. “Je m’isole trop, mais je ne peux pas faire autrement”, confie Pascale, 64 ans, qui n’est pas sortie pendant deux ans.
Intégrer ces enjeux aux politiques publiques
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Vieillir en banlieue, c’est aujourd’hui affronter une triple peine : la précarité, l’isolement et la perte d’autonomie…
Pourtant, le vieillissement des quartiers est une réalité qui s’accélère. Aujourd’hui, dans certaines zones, les 60 ans et plus sont plus nombreux que les jeunes de moins de 25 ans.
Selon l’INSEE, en 2023, 21,5 % des personnes habitant en France avaient 65 ans ou plus et les personnes âgées d'au moins 75 ans représentaient une personne sur dix (10,4 %).
La population vieillit. Les banlieues et les quartiers prioritaires ne sont pas épargnés par ce vieillissement.
Pour l’association Petits Frères des Pauvres, il devient essentiel d’intégrer les enjeux et les problématiques du grand âge aux politiques publiques pour lutter contre l’isolement des personnes âgées, en particulier dans ces territoires.
C’est pourquoi, l’association propose plusieurs solutions, à retrouver ici.
L’objectif étant de construire une société du lien, plus inclusive.