La pilote "transgenre et dépressive", accusée à tort d'être à l'origine d'un crash poursuit l'influenceur à l'origine de la rumeur

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Une pilote militaire transgenre américaine, cible d'une campagne de désinformation en ligne, a attaqué en justice l'influenceur conservateur qui l'avait à tort accusée sur les réseaux sociaux d'être impliquée dans une collision mortelle avec un avion de ligne à Washington fin janvier.
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La plainte, déposée mercredi auprès du tribunal de district du Colorado par Jo Ellis, vise Matt Wallace, qui compte 2,2 millions d'abonnés sur X. Elle l'accuse d'avoir monté une "campagne de diffamation destructrice et irresponsable" en affirmant que la pilote de 35 ans était aux commandes de l'hélicoptère qui a percuté en plein vol un avion de ligne fin janvier à Washington.

L'accident a fait 67 morts au total, ne laissant aucun survivant.

Un avion avec 64 personnes et un hélicoptère s'écrasent dans un fleuve à Washington

Dans l'un de ses messages, consulté des millions de fois, Matt Wallace, qui a depuis supprimé les posts visant Mme Ellis, affirmait qu'elle avait peut-être participé à une "attaque terroriste trans" et l'accusait d'avoir volontairement provoqué la collision en raison de sa "dépression" et de sa "dysphorie de genre", selon la plainte.

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De graves conséquences

La dysphorie de genre désigne l'état de souffrance vécu par les personnes dont l'identité de genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance.

Au lendemain de l'accident, Donald Trump avait suggéré, sans fournir de preuves, que les pratiques d'embauche de l'autorité aéronautique en matière de diversité pouvaient être en partie responsables de l'accident, faisant ainsi des personnes transgenres une cible toute désignée pour les rumeurs en ligne.

Donald Trump souhaite “stopper le délire transgenre”

Accusée par des milliers de messages sur les réseaux sociaux d'avoir piloté l'hélicoptère et cible d'un torrent de haine en ligne, Jo Ellis avait dû publier sur Facebook une vidéo montrant qu'elle était vivante - et donc pas la pilote de l'appareil.

Dans un entretien accordé à l'AFP en février, elle avait indiqué avoir temporairement fait déménager sa famille et engagé un service de sécurité privé.

La carrière de Jo Ellis, qui sert dans la Garde nationale depuis 2009 et a été déployée en Irak et au Koweït, est en suspens depuis la publication fin février d'une note de service du Pentagone indiquant que les personnes transgenres seront expulsées de l'armée, sauf dérogation spéciale.

Aux États-Unis, les droits des personnes transgenres sont un sujet brûlant et Donald Trump en a fait un aspect central de sa campagne présidentielle en 2024, promettant de mettre fin au "délire transgenre".

Arrivé au pouvoir, il a pris une série de décrets parmi lesquels la reconnaissance de seulement deux sexes, masculin et féminin, et la restriction des procédures de transition de genre pour les personnes âgées de moins de 19 ans.

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