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Pédocriminalité : au procès de Bolhem Bouchiba, ex-graphiste "sadique" de Disney et Pixar

Au premier jour du procès de Bolhem Bouchiba, ex-graphiste pour les studios Disney et Pixar, l'expert psychiatre a dressé mardi le portrait d'un homme à la personnalité "pédophile" et "sadique", mais exempt de "troubles cognitifs" et ancré "dans la réalité".
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A la barre ou à distance, plusieurs experts se sont succédé, détaillant pendant de longues heures les différents aspects de l'enquête et aussi l'histoire de cet homme devenu une "sommité internationale du dessin", selon le président de la cour Mahrez Abassi, mais au passé "complexe" et à la "sexualité dérangée".

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C'est tard dans la soirée que le Dr Liova Yon, expert psychiatre à Paris, a pu être interrogé en visioconférence. Il a entendu l'accusé à deux reprises, une première fois durant l'enquête, une seconde en 2024, et il est formel: l'accusé "ne présente aucun symptôme du registre psychotique" ou de manquements "sur le plan cognitif". 

Bolhem Bouchiba présente en revanche toutes les caractéristiques d'une "personnalité paraphilique", c'est-à-dire qui diverge des pratiques considérées comme normales, avec un versant "pédophile" et "sadique", a insisté l'expert.

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L'accusé de 59 ans, menuisier de formation et neuvième d'une fratrie de dix enfants, est jugé jusqu'à jeudi pour complicité de viols et d'agressions sexuelles en récidive sur des mineurs.

Crâne dégarni et barbe grisonnante, cet homme est aussi poursuivi pour complicité de traite d'êtres humains aggravée sur mineur en récidive, détention d'images pédopornographiques en récidive et consultation habituelle de contenu pédopornographique en ligne.

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Il lui est notamment reproché d'avoir, entre 2012 et 2021, payé des femmes philippines pour qu'elles violent et agressent sexuellement des petites filles, âgées de 5 à 10 ans, devant une webcam.

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De l'autre côté de l'écran, l'accusé donnait les ordres, via les onglets de discussion. Pour parler des petites filles, il évoquait des "porcs", ordonnant par exemple de mettre "un tee-shirt dans la bouche du porc". 

Arrêté en 2020 à l'aéroport de San Francisco, alors qu'il vivait aux États-Unis et tentait de se rendre en France, deux téléphones avaient été saisis en sa possession, ainsi qu'un ordinateur.

Petites filles dénudées ou mises en scène dans des positions sexuelles... La cour a projeté lors de l'audience de nombreux clichés retrouvés dans ses appareils.

L'accusé, visage impassible, n'a pas quitté l'écran des yeux.

Lors de sa première expertise, Bolhem Bouchiba a reconnu être particulièrement attiré par "les caresses" d'une femme "sur le sexe d'une petite fille", a rappelé Dr Yon. 

Bolhem Bouchiba a également agressé sexuellement sa belle-fille

"Son fantasme s'exprime par une attirance sexuelle pour les corps de petites filles pré-pubères", a-t-il insisté. Et d'appuyer sur "la distinction à faire entre le consommateur passif de vidéos interdites et la population de pédophiles qui passent commande de manière active".

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Lors de l'enquête, l'accusé affirmait que le début de sa déviance coïncidait avec de nombreux évènements traumatisants intervenus à cette période de sa vie: le décès de sa mère, atteinte d'une "leucémie foudroyante", celui de son frère, mais également sa séparation avec la mère de son premier fils.

C'est à la même époque, en 2009, qu'il agressait sexuellement sa belle-fille. Condamné en 2014, il est depuis inscrit au Fijais, le fichier des délinquents sexuels.

Des évènements qui ne peuvent, selon l'expert en rien justifier l'apparition de cette déviance.

"Il m'est impossible en tant que médecin de conclure qu'un trouble comme la pédophilie puisse éclore à la faveur d'une séparation et de deux décès", a-t-il assuré.

L'audience a été suspendue et reprendra mercredi matin. L'accusé sera entendu en début d'après-midi. 

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