"Alors que la tendance demeure à la baisse chez ses voisins européens, la mortalité infantile stagne dans l’Hexagone", relève l'Institut national d'études démographiques dans un communiqué jeudi.
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Un taux de mortalité en hausse
Le taux de mortalité infantile (mortalité pendant la première année de vie) atteignait 4,5 pour mille chez les garçons et 3,7 pour mille chez les filles pour toute la France en 2022, contre respectivement 3,5 et 3,0 en moyenne dans l’UE.
Une douzaine de pays européens affichent des taux inférieurs à 3 pour mille. "La Suède affiche même un taux de mortalité infantile de 2,5 pour mille, presque deux fois inférieur à celui de la France", précise l'étude publiée dans la revue Population.
"En l’espace de trente ans, la situation française s’est significativement dégradée. En 1990, la France était en tête du classement européen pour la survie des enfants", relève l'Ined.
Vingt ans plus tard, elle occupait encore le 8e rang pour les garçons et le 10e rang pour les filles. En 2022, elle chute respectivement aux 24e et 22e places.
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Plusieurs hypothèses
"Longtemps un modèle en matière de santé périnatale, la France voit aujourd’hui sa position reculer de façon inquiétante", observe l'Ined, qui souligne que la mortalité infantile est un "indicateur clé de la qualité des soins périnatals et des politiques de santé publique".
"Facteurs médicaux et état de santé des mères, inégalités territoriales et sociales d'accès aux soins, qualité de la prise en charge... Plusieurs hypothèses doivent être explorées pour comprendre et enrayer cette évolution", indique l'Ined.
A contrario, une autre hypothèse est l'amélioration des soins en néo-natalité. La stagnation de la mortalité infantile est essentiellement due à l'augmentation de la mortalité pendant la première semaine suivant la naissance.
L’amélioration de la prise en charge des grands prématurés permet à certains nouveau-nés de survivre quelques heures ou jours avant de décéder, alors qu'ils auraient auparavant été considérés comme mort-nés.
La semaine dernière, une tribune de deux journalistes, Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, co-auteurs de "4,1 - Le scandale des accouchements en France", paru le 6 mars dernier aux éditions Buchet-Chastel, appelait le gouvernement à agir en urgence face à ce constat.
Signée par 70 parlementaires de tous bords, des soignants, des parents, elle réclamait notamment la mise en place d'un tableau de bord - un registre des naissances - pour "identifier les failles et, ensuite, mettre en place des politiques publiques adaptées".