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Luz : de Charlie Hebdo à Vernon Subutex
“Je préfère avoir les mains tachées d’encre que tachées de sang”
“Juste après les attentats, il y avait déjà une espèce d’injonction qui était : ‘Il faut tout de suite dessiner.’ Moi, j’ai dit que je ne pouvais pas. Je pensais que c’était fini. Je pensais que c’était fini, que je ne pouvais plus du tout dessiner, que c’était mort.” Luz était un des caricaturistes du journal Charlie Hebdo, et une des victimes de l’attentat le 7 janvier 2015 à Paris. “Quand vous enterrez 8 ou 9 personnes que vous connaissez, que vous aimez aussi, ça met énormément de temps. C’est presque impossible de finaliser quelque chose”, dit le dessinateur. Après les attentats, il pensait ne plus pouvoir dessiner un jour. Maintenant, il sort le deuxième tome de Vernon Subutex, l'adaptation en BD du roman homonyme de Virginie Despentes. Pour lui, le dessin est ce qui l'a sauvé.
Le premier jour du procès des attentats du 13 novembre 2015
“Travailler sur Vernon Subutex pendant 4 ans, c’était aussi se créer une espèce de groupe de parole avec des amis imaginaires, en fait. C’est-à-dire : tous les matins, j’allais les voir… Ça paraît con comme ça de dire ‘je discute avec des personnages’, mais pour moi, c’est vrai. C’est-à-dire que je les retrouvais parce que je les fabriquais. Je les ai fabriqués aussi avec ce que Virginie Despentes m’a donné comme indications, mais avec mes propres envies, avec mes propres peurs, avec mes propres rêves”, explique Luz. “Moi, il y a un truc qui me sauve, c’est que j’accepte par obligation cette situation, mais je me refuse d’être en exil graphique. Ça, c’est la chose la plus importante. Je continue inlassablement à dessiner, et justement à dessiner des gens biens, ce qui est complètement différent de la caricature.”
Une héroïne du 13 novembre contrainte de vivre dans l’ombre