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Championne du monde 11 mois après avoir accouché : Clarisse Agbégnénou raconte
Son retour après la grossesse
“Ma fille, elle est tout le temps là”. Lors des derniers Championnats du monde, Clarisse Agbégnénou a remporté pour la 6ème fois la médaille d’or. Pour cet évènement, la judokate française a été autorisée à emmener sa fille de 11 mois, jusque dans la salle d’échauffement. Qu’elle s'entraîne ou non, amener son enfant dans ses déplacements est vital pour la sportive. “C'est mon mental. Je me dis : ‘Allez, fais-le pour ta fille.’ La force mentale, elle est à 100%, et le physique était vraiment à 70%, 75%. Et c'est ce qui m'a permis de compléter le pourcentage physique, la force mentale. Je me suis dit : ‘Allez, Clarisse, tu vas lui mettre la médaille autour du cou, allez’. C'est une fierté”, explique Clarisse Agbégnénou.
La judokate a ainsi bouleversé le monde du sport puisqu’elle allie sa profession et son rôle de maman en même temps. Allaitement entre les combats, nourrisson dans la salle d’échauffement, Clarisse Agbégnénou bouleverse les codes et montre que même dans le monde sportif, les mères peuvent avoir leur place et qu'il est possible de ne sacrifier ni leur maternité ni leur carrière olympique. Par ses actions, la sportive espère ouvrir la voie à d’autres sportives comme la décision récente d’Hervé Renard, le coach de l'équipe de France féminine de football, permettant à Amel Majri de venir avec son enfant aux derniers rassemblements. Une initiative que Clarisse Agbégnénou salue, expliquant qu’avoir son enfant auprès d’elle va lui changer positivement ses entraînements.
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Pour son retour sur les tatamis, la sportive a préféré “laisser couler” et souhaitait voir comment son début de maternité se déroulait. “On se prépare et on ne se prépare pas. J'ai beaucoup laissé les choses se faire. Je vois comment j'accouche, comment mon corps réagit, comment mon enfant naît et s'il est en bonne santé”. Car avant sa grossesse, elle explique avoir eu l'habitude de toujours tout cadrer. “Quand il y a eu le Covid, avec les Jeux olympiques de Tokyo qui ont été reportés, ça a été très difficile, j'ai fait une bonne déprime. À partir de ce moment-là, je me suis dit : ‘J'ai l'habitude de tout cadrer, forcément, en étant sportive de haut niveau, et moi, ma personnalité, après ce que j'ai vécu, là, je ne cadre plus du tout, du tout, je vois, je fais au fur et à mesure, et je me laisse des portes de sortie.’"
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Quand elle reprend ses préparations physiques, elle comprend que revenir après une grossesse est un vrai challenge. “Quand j'ai refait les préparations physiques et pour revenir après la grossesse, je me suis dit que c'était un vrai challenge, parce que ça pique. Je suis partie en stage au Japon en mars, j'ai pleuré au stage. La dureté des entraînements, où on s'entraînait au moins 2h30 à 3h par jour. Je dormais pas beaucoup, pas plus de quatre heures d’affilée avec la petite, avec le décalage horaire, et puis à l'entraînement, j'étais nulle, quoi, il faut le dire, et là, je me suis dit que ça allait être compliqué." Car par ce constat vient la peur de ne plus pouvoir revenir dans le haut niveau. “Mon envie de maternité était tellement forte que finalement, j'allais être peut-être pas bien ou en dépression parce que je n'allais pas passer le pas ou je n'allais pas avoir mon enfant”.
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Bouleverser ses habitudes
Pour Clarisse Agbégnénou, tant qu'elle ne devenait pas mère, elle n’irait pas plus loin dans sa carrière. Le pas est difficile car durant neuf mois, ces entraînements sont modifiés. “Je me suis entraînée, certes, mais c'était totalement différent, plus de judo, et en fait, nous, le judo, il n'y a rien qui le remplace. Moi, j'ai passé une belle grossesse et un bel accouchement, mais quand tu sors de tout ça d'années de haut niveau, avec un corps qui est assez façonné, et là, tu retournes de grossesse et tu vois que tu n’as plus d'abdos et qu’il faut que je fasse du judo. C’est un gros challenge.”
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Après sa reprise, elle reçoit des messages de soutien de parents qui lui témoignent leur admiration, dont beaucoup de pères qui lui expriment leur soutien : “Souvent, c'était les papas qui disaient: ‘Nous, on voit nos femmes, on voit la dureté, déjà, pour elles, de se lever, d'accompagner les enfants, de les voir grandir, et en même temps, d'aller travailler. Mais on ne se rend pas compte de ce que toi, tu dois faire pour en arriver là, et le pire, c'est que tu l'emmènes en compétition, tu l'allaites et, en plus, tu fais ta compétition." Face à ses nombreux messages bienveillants, Clarisse Agbégnénou se conforte dans son choix. “Je me suis rendue compte que ce que j'ai fait, c'est incroyable. Il n'y a pas si longtemps, je donnais vie. Je sais que j'ai encore plein d'entraînements à faire, que ce n'est pas fini, que ce n'est qu'une étape. Moi, je ne me dis pas ‘je suis championne du monde donc mes efforts s'arrêtent là’. Non, pas du tout. Je vais revoir mes combats et être encore plus précise. Il faut que je sois vraiment à la pointe de la pointe pour être championne olympique. Je ne laisserai rien au hasard”, termine-t-elle.
La judokate de 30 ans a publié un livre, “Maman est sportive”, aux éditions Marabout , en collaboration avec le Dr Bernadette de Gasquet, pour retrouver une bonne condition physique après un accouchement.
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