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C'est mon métier : gouacheuse
“On est à fond dans le digital, le numérique, dans l'intelligence artificielle. Et je me dis : "Vous n’avez pas compris. Le luxe, c'est ce qu'il y a de rare. Et aujourd'hui, ce qui commence à être rare, c'est l'être humain. Et je crois que le luxe va être dans l'artisanat”. Estelle est gouacheuse pour la joaillerie et l’horlogerie. Elle nous fait visiter les coulisses de son métier. Tout commence avec un dessin d’une montre ou d’un bijou extrêmement détaillé et réalisé à la main à la gouache. C’est en quelque sorte la fiche technique, avec “les cotes, les matières utilisées, les sertis”, qui sera ensuite transmise au joaillier. “On n'a pas de binoculaire, on n'a pas de loupe, on fait vraiment tout à l'œil, c'est une concentration qui est énorme” commente Estelle. Une fois le dessin terminé, elle crée la 3D pour “donner au gemmologue la nomenclature, et grâce à ça, il pourra aller chercher les pierres. Et une fois qu'on aura les pierres, on pourra créer le bijou”.
“J’aimerais que les artisans soient au cœur de la joaillerie. Car pour moi, c'est ça, la joaillerie”
Le métier de gouacheur est un “métier d’art”. “Mon bijou est né de cette peinture. Il y a un savoir-faire important dessus, c'est énormément de précision et de temps passé”. Estelle a appris son métier en réalisant un CAP. Ses premiers dessins lui font d’autant plus remarquer l’immense expertise qu’elle a acquise au fil des années. “Ça, c'était en CAP. Je n'avais aucune connaissance technique du métier de joaillier, et là, typiquement, aujourd'hui, si je présente un collier comme ça, je peux vous dire qu'il est irréalisable. On ne peut pas faire des colliers avec des gros morceaux de métal comme ça qui ne bougent pas, Le gouacheur doit quand même avoir l'aspect technique, connaître l'aspect technique un bon bijou” commente Estelle en montrant l’un de ses premiers dessins.
C'est mon métier : paléontologue
Il y a quatre ans, la jeune femme travaillait encore pour une grande maison de luxe. “J’ai fait de la pièce à la chaîne, en dénigrant même parfois la qualité. C'était une manière de rentrer dans les coûts. De vouloir rendre ces pièces accessibles, ça a fait que sur les joailliers, il y a une forme de pression de rentabilité, où on doit travailler très vite. Et ça, ça m'a énormément déçue, parce que j'avais une image du luxe qui n'était pas du tout celle-là. Pour moi, c'était la main de l'homme, le joaillier, qui est là avec sa flamme, qui met en forme son métal, les designers qui dessinent à la main et derrière, justement, les gouacheurs qui peignent. Et ce n'est plus ça. Mon burn out s’est déclaré à ce moment-là”.
Après avoir été victime d’un burn out, Estelle a décidé de créer sa propre entreprise. “En étant en burn out, ma créativité s'en allait avec mes rêves et mon envie d'apprendre. Tout est parti en fumée. Et du coup, j'ai eu envie de voler de mes propres ailes”. Elle espère pouvoir partager sa passion avec ses clients et remettre au centre du tableau la main de l’artisan. “J'aimerais vraiment remettre en avant le travail fait main, pouvoir faire comprendre à mes clients toute la chaîne de production qu'il y a derrière. Et je veux que les artisans soient au cœur de la joaillerie. Car pour moi, c'est ça, la joaillerie” précise Estelle.