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Harcèlement scolaire : ils témoignent pour éviter d'autres drames

"J'ai l'impression que les adultes fermaient les yeux sur ce qui se passait…" Le harcèlement scolaire, ils l'ont vécu. Ils connaissent la détresse des élèves qui le subissent. Pour éviter d'autres drames, ils se sont unis pour en parler dans les établissements scolaires, et quand ils se retrouvent pour en discuter, voici ce qu'ils en disent.
Publié le
05
/
06
/
2023

“Il y a des séquelles, on ne va pas se mentir”

Les autres années où je me suis fait harceler, j'ai eu l'impression que les adultes étaient aveugles”. “Ils disent ‘non, tu mens, ça n’existe pas”. “Ce sont des rumeurs”. Autant de témoignages forts autour de cette table ronde d’anciens harcelés qui dénoncent les actions et les persécutions qu’ils ont subies. Ensemble, ils souhaitent venir à bout du harcèlement qui touche encore trop d’enfants dans le milieu scolaire. 

Quand les adolescents parlent du harcèlement scolaire


Pour eux, vaincre le harcèlement commence par une bonne écoute, de la part des adultes. Pourtant, certains, selon eux, ne prêtent pas attention aux signaux qui pourraient, parfois, être facilement détectés. “La plupart du temps, c'est pris un peu au second degré. Ils ne se rendent pas compte de jusqu'où ça peut aller. Et malheureusement, des fois, il arrive que ce soit trop tard”, explique Lucie. Un propos que confirme Emmy, qui explique que malgré d’importants signaux, les adultes semblent fermer les yeux sur la situation. “On ne veut pas faire la même chose, on ne veut pas que les gens vivent ce qu'on a pu vivre, on ne veut pas que les gens les harcèlent, il y a des séquelles, faut pas mentir. Ça reste à vie, c'est un traumatisme. Perso, moi, j'ai pas envie que les autres personnes vivent ce que j'ai pu vivre, parce que franchement, je conseille même pas à ma pire ennemie de vivre ce que j'ai vécu, parce que ce n'est pas humain, je trouve, le harcèlement”, explique-t-elle. 

Ces enfants sont victimes de harcèlement à l'école


Ensemble, ces anciens harcelés ont décidé de se mobiliser pour ce problème important qui concerne de nombreuses personnes. Là où cette team relève un premier problème, c’est dans l'appellation de ces personnes ayant subi du harcèlement mais aussi le regard des autres vis-à-vis de ces victimes. “Oui, les personnes se sentent jugées quand elles demandent de l’aide, par leurs camarades ou par des gens extérieurs, même s'ils ne le disent pas, on le voit des fois dans les regards ou même dans les actions des gens, que, oui, ils ont une part de jugement à l'intérieur d'eux. C'est ce qui les empêche des fois aussi de parler et de s'ouvrir plus facilement”, explique Lucie. Pour Emmy, “Juste le terme ‘victime’ pose problème. Quand on fait les interventions, c'est toujours le mot ‘victime’ qui revient et je trouve ça péjoratif à un point. Je trouve ça dommage. On a un mot, c'est les "harcelés" mais franchement les "victimes", je trouve ça vraiment rabaissant”.


Après vient aussi la difficulté pour les harcelés de parler, de décrire ce qu’ils vivent et vient avec, la peur d’être jugé ou de faire mal à la personne. “Moi, j'en ai pas parlé à ma mère, j'avais peur de l'inquiéter. Je voulais la protéger. Parce que c'est dur de dire à sa maman, celle qui nous a donné la vie, que j'ai envie de retirer ce que ce qu’elle m’a donné. Je me sens pas bien, je me fais harceler, j'ai des idées noires, et tout, c'est très compliqué parce que, ben, c'est quand même celle qui nous a donné la vie et c'est compliqué de lui dire ‘Maman, tu vois ce que t'as fait pour moi ? Bah ouais, non, franchement, je préfère tout retirer et au revoir’. Ce n'est pas possible de dire ça à sa mère. Moi, perso, c'était impossible pour moi. C'est parce que l'établissement en a parlé à ma mère sinon elle aurait jamais été au courant. Sinon, elle n’aurait jamais été au courant”, ajoute Emmy. 

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Pour Krislain, parler du harcèlement que l’on subit est comme être pointé du doigt dans la tête de la personne harcelée. “Tu as cette idée de ‘je le pointe du doigt’. Genre : lui, c'est une victime, tu vois. Alors que non. Et puis c'est super difficile, c'est négatif. Oui, c'est horrible comme terme”. 


Prendre des mesures nécessaires 

Lors de leurs différentes préventions dans les collègues, la team observe une différence entre les établissements, en matière de prévention. Pour Timy, “On voit les collèges où il y a des choses qui sont faites depuis des années, où on est déjà intervenus, et les collèges où c'est soit la première intervention, soit il n’y a rien qui est fait derrière, et on se rend vraiment compte de la différence. Il y a quand même beaucoup moins de situations de harcèlement dans des collèges qui ont pris le problème à coeur et qui ont essayé de le résoudre, plutôt que des collèges qui n'ont rien fait”. Mailys évoque également ce même problème, considérant que les établissements où aucune prévention n’a été faite ne permet pas de détruire le tabou lié au harcèlement. 

Harcèlement scolaire : on a recueilli vos témoignages


Dans le harcèlement scolaire, les adultes peuvent faire la différence. Timy parle de relation en tripartie, avec trois axes principaux : la personne harcelée, les parents et l'équipe pédagogique. “Il faut vraiment que les trois soient en cohésion. Il faut que l'élève en parle, que l'équipe pédagogique réagisse et que les parents soient compréhensifs et réagissent aussi. Les trois, c'est le mieux. Ce n'est pas une chose qui peut tout changer, c'est un ensemble”.


Stopper le harcèlement passif 

Mais dans ce schéma de harcèlement, on ne trouve pas que les harceleurs et les harcelés. Il existe aussi les témoins passifs, qu’Emmy considère comme des harceleurs silencieux. “Quand on fait les interventions avec les classes de sixième, on les pousse à devenir des témoins actifs, donc des témoins qui en parlent aux adultes. Parce que le témoin passif est plus du côté du harceleur parce qu’il ne fait rien. Ce sont des harceleurs silencieux parce qu'ils ne harcèlent pas, mais ils laissent faire. J'aimerais quand même qu'un jour, on n'ait plus à parler de témoins passifs, et de harcèlement aussi. Et si on doit parler de harcèlement, qu'on n'ait plus à parler de témoins passifs en disant qu'à chaque fois que quelqu'un voit quelque chose qui ne va pas, que personne ne laisse faire. Et c'est comme ça qu'on arrivera à ne plus parler de harcèlement”. 

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