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Joyce Jonathan victime de TCA : "Je n'ai plus honte d'en parler"

"Au restaurant, je partais en cuisine pour vérifier qu'ils ne mettaient pas de beurre ou d'huile… C'est un degré de folie !" Pendant 10 ans, la chanteuse Joyce Jonathan a alterné entre anorexie et boulimie. Aujourd'hui, elle n'a plus honte d'en parler. Elle témoigne.
Publié le
25
/
01
/
2024

“J'ai eu des troubles alimentaires pendant dix ans. J'ai alterné entre anorexie et boulimie et je n'ai plus honte d'en parler”. La chanteuse Joyce Jonathan se confie sur ses anciens troubles du comportement alimentaire, aussi appelés TCA. “J'étais obsédée par le poids. Je faisais des listes de ce que je mangeais. J'étais très rarement dans le moment présent, surtout au moment des repas. Souvent, je m'organisais pour choisir, moi, les restaurants. J'appelais pour connaître le menu du jour et pour être sûre qu'on allait pouvoir enlever l'huile, le beurre, changer la garniture, tellement que ça me stressait. Je partais en cuisine, j'allais vérifier qu'ils ne mettaient pas de beurre ou d'huile. C'est un degré de folie. C'est des TOC, en fait. Un trouble alimentaire, ça se traduit par différentes formes. Il y a une anorexie qui consiste à ne pas manger. Il y a aussi l'anorexie mentale, où les choses se passent beaucoup dans la tête. On ne se voit pas du tout tel qu'on est. On a un vrai problème de dysmorphophobie, où on a l'impression d'être grosse ou gros face au miroir. Et il y a la boulimie qui consiste à manger énormément et elle peut être vomitive ou pas vomitive”

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“Le chemin vers la guérison, c'est d'accepter qu'on est malade”


Pour la chanteuse Joyce Jonathan, les troubles du comportement alimentaire ont commencé à apparaître à l’âge de 22 ans “donc plutôt tard, quand même, pour ce genre de trouble, mais je ne me suis jamais dit que c'était une maladie avant d'en guérir. Parce que je pense que c'est peut-être ça, le chemin vers la guérison, c'est d'accepter qu'on est malade”. Pour elle, tout a commencé quand elle a pris 5 kilos et qu’elle a eu une déception amoureuse “avec un garçon qui n’aimait que les filles hyper minces et je l'ai associé à ça. Je me suis dit : si j'avais été mince, peut-être que je lui aurais vachement plus plu. Et donc, j'ai voulu faire un régime et j'ai fait le régime Dukan qui m'a énormément déréglée. C'est vrai, j'ai perdu genre dix kilos en un mois et demi, donc j'étais plus mince qu'avant de commencer ce régime. Et j'ai senti le regard des autres changer, le regard des hommes. Je recevais plein de compliments, "Ah, ça te va hyper bien, tu as l'air en forme, oh ton visage”, parce que forcément, j'avais le visage beaucoup plus fin. Et en fait, je me suis dit : la clé du bonheur, elle est là, elle est dans le fait d'être mince”


“Je sortais de scène et je tombais”


A partir de là, se succèdent chez elle des épisodes de boulimie et d’anorexie. “J'étais consciente que c'était invivable. Ça me rongeait la vie, vraiment. Et en même temps, je n'arrivais pas à ne pas le faire. Ca m'est arrivé de faire des concerts après une crise de boulimie et d’avoir le cœur qui battait à 10 000 à l'heure. J'arrivais à rester presque sous hypnose dans ma chanson, pour tenir, et je sortais de scène et je tombais. J'étais pas bien du tout. Ça m'est arrivé, en rentrant d'un voyage ou d'une tournée, et l'avion avait énormément de turbulences et je me disais “bah de toute façon, si l'avion se crashe, c'est comme ça, je n'aurai pas besoin de faire un régime en rentrant”. C'était un peu triste de penser ça mais c'est ce que je ressentais, parce que j'en parlais pas, j'en ai parlé à personne, même à mes meilleures amies. Elles découvrent tout aujourd'hui, en fait”. 

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À côté de ça, je me suis imposé beaucoup de petits challenges et je sais que ça, ça m'a vraiment permis de guérir. Par exemple, ne plus changer la garniture au restaurant, c'étaient des trucs hyper basiques, mais ça me permettait d'avancer et de lutter contre mon démon, en fait, j'avais vraiment un ange et un démon. Et ça, ça m'a beaucoup aidée. De ne pas me faire vomir, ça, c'était le challenge le plus gros, parce que j'avais la conséquence de ce que c'était, la nourriture. Et si je mange, je grossis, et c'est comme ça” confie Joyce Jonathan. “La chose qui a vraiment chamboulé ma vie, c'est la maternité. Donc je sais que ce n'est pas une issue, je ne veux pas dire "alors tombez enceinte et tout ira bien"! Mais je détestais tellement mon corps. Enfin, je veux dire, je me dégoutait pendant dix ans et quand je suis tombée enceinte, c'est la première fois que j'étais heureuse de grossir. Et puis parce que j'avais envie de me faire du bien pour l'enfant qui grandissait en moi. Et j'ai réalisé surtout que tout d'un coup, la maman c’était plus ma maman, mais c'était moi, et je devenais la maman. Je devenais la maman de ma vie aussi. Et je pense que c'est ce déclic-là aussi qui fait que je me sentais beaucoup plus à ma place et que tout d'un coup, je vivais ma propre vie”.