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L'immortelle ou "l'odeur de la Corse"

"C’est l’odeur de la Corse." C’est l’histoire d’une fleur, qu’on trouve principalement dans le maquis corse et avec laquelle les bergers se soignaient : l’immortelle. Maëva est agricultrice et a choisi de travailler cette plante pour en faire de l’huile essentielle. Pendant ce temps-là, en pleine récolte d’immortelle, dans le désert des Agriates... #BrutEnCorse 4/5
Publié le
29
/
06
/
2023

L'immortelle, “l’odeur de la Corse” 

Déjà au large de la mer de la Corse, Napoléon reconnaissait son île avant même de poser un pied à terre, grâce à l’odeur des immortelles. Pour Maëva, agricultrice, ce parfum est celui de la Corse. “Même fanée, on a toujours cette odeur qui est en continu, tout le temps. On la sent un peu partout, parce qu'il y en a partout. Il y en a en bord de mer, il y en a en montagne”, explique-t-elle. Passionnée par sa senteur, elle cultive cette fleur pour en faire de l’huile essentielle. Ses cultures se situent dans le désert des Agriates, une région très aride où il ne pleut que rarement mais où les immortelles s’y plaisent. “C'est une plante qui n'aime pas l'humidité, qui a besoin d'un sol drainant, où l'eau ne stagne pas. Des fois il n'y a même pas de terre et on se demande comment elle peut pousser”, confie Maëva. Ses fleurs, l’agricultrice les chouchoute en continu, toute l’année. 

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“J’ai beaucoup d'amour pour cette fleur”

C’est au moment où la plante commence à s’ouvrir qu’elle est recueillie pour être utilisée par la suite. “On la récupère, on fait attention à ce qu'elle ne tourne pas au soleil, donc on les installe dans des draps blancs, qu'on enferme. Ensuite, on l'amène à la distillerie, il faut être assez rapide pour que la fleur ne tourne pas, qu'elle fermente, pour pas qu'il y ait de problème avec l'huile. Le mot “'immortelle”, ça vient de la plante. Même quand elle est fanée, on dirait qu'elle est toujours en vie. Et donc immortelle”. 

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Maëva évoque aussi les nombreuses vertus de cette plante. “Elle a énormément de vertus, l'immortelle. On lui trouve surtout des vertus anti-hématomes. C'est très bien pour les brûlures, pour la cicatrisation. Une goutte suffit, qu'on mélange à une crème, en plus, donc c'est un nectar précieux. Les personnes âgées l'ont toujours utilisée. Même les bergers l'utilisent. S'ils se blessaient, ils se faisaient des cataplasmes avec la fleur d'immortelle. On entend souvent des histoires, des petites anecdotes, on a toujours eu de l'immortelle, même dans notre enfance”. En Corse, l’immortelle fait partie de la culture de l’île. 

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La culture en Corse, une envie de retour aux sources 

Après avoir réalisé des analyses de sol, Maëva a cherché quelle culture pourrait correspondre à ses terres et à cette région. “J'ai réfléchi et j'ai pensé de suite à cette plante. Malgré les contraintes climatiques, je savais que je pourrais travailler cette plante un bon moment. Tu vois, il y a des brebis aussi. J'ai pris des brebis pour m'aider à désherber. Le plus gros du travail, c'est le désherbage. Au bout d'un moment, seule, sur quatre hectares, c'est un peu fatigant”. 

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Avec ses cultures, l'agricultrice est dans la transmission d’un savoir, d’un patrimoine qu’elle souhaite faire perdurer. Elle ne semble pas être la seule dans la région à partager ce désir. “Cette région a été longtemps abandonnée, et là, il y a de plus en plus d'agriculteurs. Juste en dessous, il y a le domaine Casta, où c'est un jeune agriculteur qui fait de la vigne. C'est un endroit où on commence vraiment à revenir à l'agriculture. On est contents. C'est vraiment une belle région. C'est dommage de l'abandonner. Je pense qu'on veut revenir à la base, en fait, que la jeunesse corse a envie de revenir à la base et a envie de revenir à l’agriculture. C'est tellement compliqué en ce moment, la vie, donc on a envie d'un retour aux sources”, ajoute-t-elle. 

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