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Réapprendre à voir, par Laurence Devillairs – Brut Philo

"Nous confondons voir et regarder" BRUT PHILO - On regarde le monde mais le voit-on vraiment ? Pourquoi il est important de réapprendre à voir par la philosophe Laurence Devillairs.
Publié le
16
/
06
/
2024

Nous confondons voir et regarder


Laurence Devillairs, philosophe, partage son expérience personnelle de la dépression, qu'elle décrit comme une perte de la capacité à voir. Elle explique : "Je me suis rendu compte que l'expérience douloureuse de la dépression, ce n'était pas perdre le goût de la vie, c'était perdre le voir." Devillairs évoque des souvenirs de promenades où tout semblait monochrome, sans couleurs, soulignant qu'elle était "amputée de ma capacité à voir". Pour elle, le "voir" va au-delà de la simple perception visuelle ; il inclut le toucher, le sentir, le penser, l'imaginer et même le vouloir. Elle affirme que la dépression est une maladie de la volonté, car elle empêche de vouloir voir et d'entrer en contact avec le monde. Un moment clé de sa guérison a été l'observation d'une corneille sur le toit en face de chez elle. "J'ai vu cette corneille sur le toit, hein!

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C'est trois fois rien. Vous pourriez me dire que c'est trois fois rien, mais en fait, ça m'a arrachée à moi." Cette expérience lui a permis de réaliser que la dépression faisait partie de sa vie, mais ne la définissait pas. Elle souligne que voir nécessite de sortir de soi-même et de se reconnecter avec le monde. Dans son livre intitulé "La Splendeur du monde", Devillairs affirme que "voir s'apprend". Elle explique que bien que cela puisse sembler paradoxal, il existe de nombreux obstacles à notre capacité de voir. Elle mentionne que nous confondons souvent voir et regarder, ce dernier étant lié à une forme de vérification. "Regarder, ça a toujours un peu une crainte", dit-elle, car nous cherchons à valider nos attentes plutôt qu'à nous ouvrir à l'inattendu.


Les obstacles à la beauté du monde


Devillairs aborde également le rôle des écrans dans notre perception du monde. Elle constate qu'aujourd'hui, il y a "beaucoup plus d'obstacles à cette érotique du voir". Les écrans, selon elle, créent un bruit qui empêche la splendeur de nous toucher. Elle critique le réflexe de dégainer son téléphone pour prendre des photos avant même d'apprécier un paysage, affirmant que cela "fait trop de bruit pour que le monde puisse venir me parler". Elle met en garde contre la tendance actuelle à rechercher des "expériences" plutôt que des visites authentiques.

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"Je m'inquiète un peu de ces expériences", dit-elle, soulignant que cela peut conduire à une attente de spectacles extraordinaires plutôt qu'à une appréciation de la beauté simple et réelle. Devillairs considère que cette "instagramisation" de la beauté est dangereuse, car elle nous éloigne de la rencontre avec le réel, qui est souvent décevant par rapport à nos attentes. Elle conclut en affirmant que la beauté ne nécessite pas de filtres ou d'artifices. "Je pense que tous ces filtres qu'on met autour de la beauté, c'est une sorte de nouveau kitsch." Pour elle, la véritable splendeur réside dans les petites choses, celles qui se révèlent en murmurant, plutôt que dans les clichés évidents comme les couchers de soleil. Devillairs appelle à une prise de conscience collective de notre responsabilité envers le monde, en nous incitant à "voir, taisons-nous, et, avec beaucoup d'humilité".


Cet article a été adapté par intelligence artificielle à partir d'une vidéo réalisée par nos journalistes, tout en veillant à respecter fidèlement le contenu original. Si toutefois vous souhaitiez partager vos remarques, vous pouvez nous contacter à l'adresse suivante: [email protected].