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Comment notre identité évolue ? – Brut Philo

"J'aime l’idée que l'existence soit un voyage." BRUT PHILO. ‘Penser contre soi-même’, c’est le titre du nouveau livre de Nathan Devers. Pour lui, notre identité n’est pas figée : on peut se réinventer et d’une certaine façon naître plusieurs fois au cours de sa vie.
Publié le
14
/
01
/
2024

Mais tout l'objet de mon livre, c’est de dire que la naissance, c'est avant tout un fait de l'existence. On n'a rien choisi dans la naissance. Personne n'a jamais été consulté pour naître. Personne a encore moins pour savoir s'il voulait naître à telle ou telle époque, dans tel ou tel milieu social. Personne n'a choisi, par exemple, de naître dans une famille où on croit en Dieu, où on ne croit pas en Dieu. Ça veut dire que l'essentiel de notre vie se fait sans nous” déclare Nathan Devers, philosophe et auteur de Penser contre soi-même. “Imaginons que je te laisse le choix de revenir en amont de ta naissance et de choisir de naître absolument n'importe quand, n'importe où, tu peux naître, je ne sais pas, dans la Grèce antique, en Inde, dans trois siècles, par le passé... Vraiment, dans n'importe quelle situation. Accepterais-tu de le faire ?” 

Brut Philo : penser contre soi-même


“On se rend compte que nos identités sont mouvantes, dynamiques et qu'elles sont à écrire


“Ce que je voulais mettre en relief en posant cette question, c'est qu'à partir du moment où on pose cette question, on est obligé, presque mécaniquement, de prendre une certaine forme de distance par rapport à la manière dont on concevait jusqu'alors notre identité, notre existence, de voir qu'elle n'est pas un dû, qu’elle n’est pas quelque chose qui est tombé du ciel de manière absolue, mais de voir précisément que l'identité est façonnée de 1000 altérités possibles. D'abord l'altérité du fait que, encore une fois, j'aurais pu naître dans un autre corps, dans une autre existence, et donc avec une autre perspective. Se rendre compte que la plupart des idées qu'on a et qu'on tient pour des choses, des vérités absolues, des vérités éternelles, et notamment sur le plan de la foi, sur le plan spirituel, sur le plan philosophique, on aurait pu défendre sans doute les idées absolument inverses si on était né dans un conditionnement différent et si on avait été prisonnier de ce conditionnement” continue le philosophe. 

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Une fois qu'on a pris ce sentiment de vertige, ce n'est pas pour arriver à la conclusion d'un relativisme total et de dire : “Bon, finalement, toutes les idées se valent”. Ce n'est pas ça. Mais, c'est, en revanche, c’est d'essayer de faire vraiment le deuil de la conception de l'identité comme quelque chose d'exclusif, comme quelque chose de prédéterminé et comme quelque chose d'absolu. Et justement, ce deuil-là, d'ailleurs, je devrais même pas employer le mot de deuil, parce qu'une fois qu'on a découvert que l'existence n'était pas prisonnière du carcan d'une identité absolue, eh ben, c'est plus une immense découverte, c'est plus un grand printemps qu'un deuil. Une fois qu'on a fait ce deuil-là, on se rend compte que nos identités, elles sont à nous, que nos identités, elles sont mouvantes, qu'elles sont dynamiques et qu'elles sont à écrire” affirme Nathan Devers. 

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