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Quelle relation ont les femmes avec leurs seins ?
“Pas de tétons, pas de poils, pas de vergetures. On a une vision unique de ce qu'est la poitrine”. Pour son documentaire Bénissez nos seins, la réalisatrice Angèle Marrey a regroupé les témoignages de plusieurs femmes qui se confient sur la relation qu’elles entretiennent avec leurs seins. “On nous donne depuis des siècles une seule et même représentation d'un sein, qui est un sein fantasmé, idéalisé ; donc un sein blanc avec un téton rose très haut sur le torse, presque en érection, et qui est ni trop gros, ni trop petit, ni trop pendant. En fait, il y a eu un peu une séparation dans la vision qu'on a faite des corps féminins : il y a eu les corps très jeunes qui correspondaient aux diktats de beauté, c'est-à-dire des corps maintenus avec des seins très hauts, une taille fine, une chair ferme et les corps qu'on dit plus vieux, qui sont avec une peau qui se détend et des seins qui tombent. Ces corps ont été complètement invisibilisés et montrés comme non désirables. En fait, la poitrine est la jonction de beaucoup de luttes féministes, de beaucoup d'injonctions et de beaucoup de diktats de beauté”.
“Cela m'a fait comprendre que mon corps pouvait aussi être un élément de fierté”
Cette enquête a fait également réfléchir la réalisatrice Angèle Marrey sur le rapport qu’elle entretenait avec son corps et sa poitrine : “Pendant longtemps, je n’ai pas eu de rapport avec mes seins. Je les trouvais ni beaux ni moches. Je n'avais juste pas d'avis. Et en faisant ce documentaire, j'ai découvert beaucoup de choses sur mes seins et sur mon corps d'une manière générale. Je me suis rendu compte qu'en fait, ma poitrine n'était pas juste neutre pour toutes les personnes qui étaient autour de moi. Elle était un objet de désir, un objet sexuel. D'une certaine manière, nos poitrines ne sont pas totalement à nous”. Elle ajoute : “Je crois que ça m'a fait comprendre, par rapport à mon corps, qu'il n'était pas seulement là pour plaire ou ne pas plaire, mais qu'il pouvait aussi être un élément de fierté, un élément qui m'aide à créer, qui m'aide à ressentir des choses, à me surpasser. J'ai vécu une petite révolution de mon intime à moi en ayant les récits d'autres personnes que j'ai interviewées”.
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“Je pense que c'est hyper important d'apprendre à changer la manière dont on regarde nos corps et nos poitrines”
Avec son documentaire Bénissez nos seins, Angèle Marrey espère offrir une nouvelle vision du corps et de la poitrine des femmes : “Je pense que c'est hyper important d'apprendre à changer la manière dont on regarde nos corps et nos poitrines d'une manière générale, parce que c'est une manière de se réapproprier nos corps, mais aussi tout ce qui passe par le corps. Questionner son corps, se le réapproprier, penser qu'on a un corps qui est là pour nous aider à se déplacer, jouir, ressentir, créer, marcher, faire tout ce que l'on veut d’une manière générale et pas simplement penser notre corps comme un objet de désir. Je pense qu'il y a déjà un petit aspect d'avoir une petite révolution intime, mais pour l'amener à une révolution collective, ça serait aussi de repenser la manière dont on commente le corps féminin de manière générale, de la place qu'on leur donne dans la société, de la manière dont on le décrit. Et ça permettrait peut-être à beaucoup de ne pas subir les diktats de beauté, de ne pas se malmener, de ne pas se violenter, de se libérer, c'est-à-dire pouvoir libérer notre parole par rapport à la manière dont on traite nos corps, que ça soit les autres qui le maltraitent ou même nous qui le maltraitons”.
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Selon la réalisatrice, entamer cette “petite révolution” pourrait notamment passer par donner à voir de “nouvelles représentations, diverses, des poitrines avec des seins de différentes couleurs, avec des tétons de différentes tailles, avec des gros seins, des plus petits seins, je crois que ça aiderait beaucoup, déjà. Et j'ai l'impression que rassembler ou des espaces avec des récits intimes, parler de sa chair avec bienveillance, avoir un regard plus doux sur son corps, ça serait déjà une petite avancée, en tout cas” conclut Angèle Marrey.
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