Cette vidéo sera publiée prochainement

Vivre après la mort de son père, par Adèle Van Reeth – Brut Philo

BRUT PHILO "La tristesse n'est pas un obstacle au goût de la vie." Son père est mort, elle est inconsolable, et la vie continue. Réflexions sur la vie après la perte d'un parent, avec la philosophe Adèle Van Reeth.
Publié le
04
/
02
/
2023

“On peut aller bien avec la tristesse”


Lorsque mon père est mort, mon fils, au détour d’un repas, vraiment entre le fromage et le dessert, s’est tourné vers moi avec la certitude d’avoir enfin compris et d’avoir compris pourquoi son grand-père, qu’il adorait, était mort, et donc, il m’a dit cette phrase, il m’a dit : ‘Maman, est-ce que grand-père est mort parce que tu n’avais plus besoin de lui ?’” Adèle Van Reeth est une philosophe française qui a écrit Inconsolable, sorti début janvier. Elle y raconte la mort de son père, et comment la vie continue après le deuil. 

Comment éviter les disputes ? – Brut Philo


Écrire sur la mort, c’est une entreprise qui est d’emblée déceptive. On sait qu'on ne va pas y arriver, puisque, par définition, si nous sommes vivants et que nous pouvons réfléchir sur la mort, c’est que nous ne sommes pas morts. Et une fois que nous sommes morts, nous ne pouvons plus réfléchir à ce qu’est la mort. Donc c’est une entreprise déceptive, c’est un échec que j’assume d’emblée, dès le début du livre, hein, je le dis que je n’y arriverai pas. Et pourtant, il y a quelque chose à dire”, pense-t-elle. 

Existe-t-il une seule vérité ? - Brut philo


“Je n’aurai pas la consolation que je cherche, mais ça ne sera pas un problème”


Le titre du livre n’a pas été choisi par hasard. “Ce livre s’inscrit contre les injonctions à la consolation, qu’on reçoit beaucoup lorsqu’on perd quelqu’un. Et puis, de manière générale, beaucoup de propositions de consolation nous sont faites, dans la littérature, dans le développement personnel ou dans des œuvres d’art, et le fait d’appeler le livre Inconsolable, c’était une manière de dire : non, je n’aurai pas la consolation que je cherche, mais ce n’est pas pour ça que ça restera un problème.

Qui suis-je ? (sur les réseaux sociaux) - Brut philo


La philosophe n’a pas vu que le deuil dans la mort de son père. “Ce qui est vrai, et ce qui est très surprenant, c’est de constater qu’on peut survivre à la mort de son père, et qu’on peut y survivre de manière qui soit certes douloureuse mais pas uniquement. C’est-à-dire qu’il y a aussi… C’est aussi une suite qui s’engage. Le père comme la mère sont des figures parentales, qui incarnent une certaine autorité, qui ont été absolument indispensables au développement de notre psychisme étant enfant et leur disparition crée une sorte de vide. Il y a comme un espace qui se crée dans lequel on peut s’engouffrer. Moi, ce qui m’importe là-dedans, c’est de montrer que la mort d’un père peut être aussi l’occasion d’une transformation de soi.

Pourquoi aime-t-on ? - Brut philo


“J’ai appris qu’on pouvait survivre à la tristesse”


Au fond, notre existence est composée d’une succession de séparations. Dès l’accouchement, dès la naissance, nous nous séparons du corps de notre mère. Un enfant qui grandit va peu à peu se séparer de ses parents. La séparation qui est celle de la mort est au fond l’ultime séparation, à laquelle les autres séparations ne nous ont pas du tout préparé. Il y a quand même une différence de nature entre une séparation amoureuse et la séparation qui est celle de la mort”, ajoute-elle. 

Respecter la nature, est-ce se respecter soi-même ? - Brut philo


Elle conclut : “J’ai appris qu’on pouvait survivre à la tristesse et que celle-ci pouvait nous renseigner sur la manière qu’on avait d’aborder notre propre vie, et qu’au fond, pouvoir rester en vie et retrouver le goût, l'appétit de la vie, la joie de vivre, après avoir vécu une épreuve comme celle-là, ça nous renseigne sur nous-même, ça veut dire qu’on est peut-être plus fort que ce qu’on croyait. Et ça veut dire aussi que la tristesse n’est pas un obstacle au goût de la vie. Et donc, on peut aller bien avec la tristesse.

Le van, une philosophie qui ne date pas d'hier