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Zéro femme dirigeante au sein du CAC 40

Zéro. C'est le nombre de femmes dirigeantes au sein du CAC 40 en 2020. Pourtant, plusieurs solutions existent pour renforcer l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'économie française, selon Dunya Bouhacene, présidente de Women Equity.
Publié le
15
/
07
/
2020

Femmes dirigeantes d’entreprises : il y a encore du travail


Aucune femme n’est dirigeante au sein du CAC 40. Et les entreprises dirigées par des femmes ont six fois moins de probabilités d’être accompagnées par les acteurs du capital-investissement français.


Zéro. C’est le nombre de femmes dirigeantes au sein du CAC 40. Elles forment pourtant la moitié de l’emploi, elles sont majoritaires à rafler les mentions au baccalauréat, majoritaires à intégrer les grandes écoles de commerce et majoritaires à sortir diplômées du troisième cycle de l’enseignement supérieur. « Il y a tout un poids de stéréotypes véhiculés par les familles, par l’école, par les entreprises, par le politique, par les médias. Évidemment, c’est compliqué de se défaire de tout ça », analyse Dunya Bouhacene, fondatrice de Women Equity.


Au sein du SBF 120, les femmes dirigeantes ne sont qu’une dizaine


Par ailleurs, au sein du SBF 120, qui regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, les femmes dirigeantes ne sont qu’une dizaine. En 2011 pourtant, la loi Copé-Zimmerman avait été adoptée pour contraindre les grandes entreprises et entreprises de taille intermédiaire à compter au moins 40 % de femmes dans leur conseil d’administration. Problème : « Vous ne pouvez pas, aujourd’hui, dans le droit tel qu’il est structuré, faire en sorte de décider comment sont nommés les dirigeants de l’entreprise », explique Dunya Bouhacene.


Malgré l’objectif atteint dans les conseils d’administration donc, la loi n'a pas enclenché une dynamique paritaire qui s'étendrait aux comités exécutifs – les comex – où se prennent les grandes décisions. « En 2011, on partait de 10 % de femmes administratrices, donc membres de conseils d’administration. On est passés à 45. En 2011, on partait de 8 % de femmes membres de comex, on est passé à 17 %. On voit bien que la progression n’est pas la même et n’est pas aussi rapide », déplore la fondatrice de Women Equity.


Sans la nommer, Dunya Bouhacene prend l’exemple d’une très grande entreprise française. « Elle présente un taux absolument magnifique de 58 % d’administratrices à son conseil d’administration. Mais elle a zéro femme à son comex, alors même qu’elle a 20 % de hauts potentiels féminins. »


« Une démarche très volontariste ne suffit pas »


En outre, les PME et ETI ne sont pas impactées par la loi Copé-Zimmerman, étant à plus de 80 % organisées en SAS. 55 % de l’emploi est rassemblé au sein de ces structures. Près de 20 % de ces PME et ETI sont dirigées par des femmes, et on s’aperçoit qu’elles ont en moyenne six fois moins de probabilités d’être accompagnées par les acteurs du capital-investissement français que quand elles sont dirigées par des hommes.


Pour Dunya Bouhacene, plusieurs solutions existent pour favoriser la féminisation des entreprises. « Tout le monde a un rôle à jouer. Le politique, les médias, les entreprises, les familles, l’éducation nationale… On voit bien qu’une démarche très volontariste ne suffit pas. J’aurais tendance à dire qu’il y a peut-être des solutions plus simples, plus rapides et tout aussi efficientes. » La fondatrice de Women Equity propose notamment de demander aux entreprises de rendre leur comex public.


Sans augmentation du nombre de femmes cheffes d’entreprises, Dunya Bouhacene craint que les stéréotypes sexistes perdurent. « Plus vous parlez de dirigeantes auxquelles des tiers peuvent s’identifier, plus vous témoignez qu’elles ont des profils remarquables de leadership, des histoires entrepreneuriales incroyables. Plus vous faites en sorte qu’il devient de plus en plus absurde de se dire qu’un profil de dirigeant, c’est un cadre quadra-quinca passé par les grandes écoles, coopté par ses paires, circulant dans certains réseaux et que le monde se résume à ça. »