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Accusée d'avoir couvert des agressions sexuelles, l'Église d'Angleterre est appelée à se réformer en profondeur

L'Eglise anglicane d'Angleterre est appelée à se réformer en profondeur, au lendemain de l'annonce mardi de la démission de son chef religieux, Justin Welby, accusé d'avoir couvert un agresseur qui s'est attaqué à plus de 130 enfants et jeunes hommes pendant plusieurs décennies.
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Le départ de l'archevêque de Canterbury, chef spirituel des anglicans depuis 2013, n'est pas suffisant pour des victimes de ces agressions physiques et sexuelles, qui se sont produites en Angleterre et en Afrique entre les années 1970 et le milieu des années 2010. 

"Nous demandons deux choses: des démissions et des réformes", a dit Mark Stibbe, un ancien vicaire, à Channel 4 News.

Il a appelé "les personnes qui se sont tues alors qu'elles auraient dû s'exprimer" à assumer leurs responsabilités.

"Je pense qu'il est temps d'attirer l'attention sur d'autres évêques qui ont gardé les histoires pour eux", a dit une autre victime, Richard Gittins. 

La position de Justin Welby était devenue intenable après la publication d'un rapport accablant la semaine dernière. 

Il a conclu que l'archevêque "aurait pu et dû" signaler aux autorités ces agressions en 2013, quand il dit en avoir été informé. Mais l'agresseur, John Smyth, un avocat lié à l'Eglise d'Angleterre, est mort en 2018 en Afrique du Sud sans être inquiété.

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Pas la première accusation

L'ampleur et la gravité des agressions dans cette affaire choquent le Royaume-Uni. Mais ce n'est pas la première fois que l'Église d'Angleterre est accusée d'avoir étouffé un scandale.

Déjà en 2020, un rapport dénonçait une "culture" au sein de l'institution permettant aux auteurs d'agressions sexuelles sur mineurs de "se cacher" et d'être "plus soutenus que les victimes".

En février, un autre rapport a conclu que l'Église devait "agir de manière urgente pour restaurer la confiance dans son système de protection" après plusieurs affaires d'agressions. 

Cette démission "pour négligence" de la part du chef spirituel des anglicans est "sans précédent", selon le quotidien The Times.

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Rendre des comptes

Justin Welby a reconnu qu'il y avait au sein de l'Église "depuis longtemps une conspiration du silence" autour de John Smyth.

Cet homme marié et père de famille a dit espérer que son départ "montre à quel point l'Église d'Angleterre comprend la nécessité d'un changement".

Au sein de l'Église d'Angleterre, des responsables admettent sans détour que le problème est profond. 

Pour Richard Scorer, un avocat de victimes de John Smyth, "le problème est probablement aussi important dans l'Église d'Angleterre que dans l'Église catholique". 

La démission de Justin Welby "ne résoudra pas à elle seule le problème", a prévenu Julie Conalty, évêque de Birkenhead, près de Liverpool.

"Il est très probable que d'autres personnes doivent partir", a-t-elle reconnu sur la BBC.

"C'est frustrant pour moi car, à bien des égards, nous avons travaillé très dur pour faire des églises des lieux plus sûrs", a ajouté cette évêque, évoquant un "problème institutionnel". "D'une certaine manière, nous ne sommes pas une institution sûre", a-t-elle reconnu. 

"Des gens doivent rendre des comptes", a aussi admis l'archevêque de York, Stephen Cottrell, qui est juste derrière l'archevêque de Canterbury dans la hiérarchie de l'Eglise d'Angleterre. 

Interrogé sur la BBC pour savoir si d'autres responsables devaient démissionner, il a reconnu que "ceux qui ont activement couvert l'affaire" devraient partir, ajoutant qu'il ne "s'agit pas des évêques".

La démission de Justin Welby n'est "pas une chose insignifiante". "Il a démissionné pour les échecs de l'institution", a-t-il ajouté.

Stephen Cottrell a aussi partagé sa "frustration" sur le fait que les changements "prennent du temps". 

L'Église d'Angleterre fait face à cette crise alors qu'elle est en perte de vitesse. Elle compte une vingtaine de millions de fidèles baptisés, mais évalue à un peu moins d’un million le nombre des pratiquants réguliers, selon des statistiques portant sur 2022.

L'Église anglicane est née en Angleterre au XVIe siècle d'une scission avec l'Église catholique en raison d'un désaccord entre le roi d'Angleterre et le pape.

Elle se veut à mi-chemin entre catholicisme et protestantisme. À la différence de l'Eglise catholique romaine, elle permet aux prêtres de se marier.  

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