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Après "Parasite", Bong Joon Ho propulse Robert Pattinson dans l'espace et se paie Elon Musk

Six ans après "Parasite", Bong Joon-Ho envoie Robert Pattinson en orbite et tourne en dérision les ambitions spatiales d'Elon Musk dans "Mickey 17", sa comédie de science-fiction présentée à la Berlinale.
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Très attendu, aussi distrayant que politique, ce space opera parodique fait l'évènement samedi soir hors compétition à Berlin mais a déjà été dévoilé en première mondiale jeudi à Londres. Il doit sortir en salles le 5 mars.

"C'est une histoire qui se passe dans le futur mais elle pourrait aussi arriver dans le présent ou le passé", a déclaré Bong Joon-Ho, samedi en conférence de presse, avant la projection berlinoise.

Le film met en scène Robert Pattinson, l'idole de la génération "Twilight" devenu l'un des Britanniques les plus demandés de Hollywood ("The Batman", "Tenet"), dans la peau d'un jeune homme fauché, Mickey.

Ce dernier, fuyant une énième embrouille sur Terre, se retrouve cobaye dans un vaisseau spatial, en route pour coloniser une nouvelle galaxie.

Un milliardaire transhumaniste à la Elon Musk, génialement interprété par Mark Ruffalo ("Avengers"), est seul maître à bord, à l'exception de son épouse Ylfa (Toni Collette). En conférence de presse, Bong Joon-Ho a dit qu'il n'avait pas eu de modèle particulier en tête pour ce personnage, mais les allusions aux gourous américains de la tech et au trumpisme sont transparentes.

Mickey, embauché comme "remplaçable", se retrouve tout en bas de l'échelle sociale sur le vaisseau. Il est envoyé sur toutes les expériences et missions dangereuses, mais grâce à une machine, peut être "réimprimé" et ressusciter chaque fois qu'il meurt.

Tout déraille lorsque le vaisseau se pose sur une planète gelée, peuplée d'extraterrestres à la silhouette d'éléphants de mer.

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Prophètes transhumanistes

"Parasite", chef d’œuvre de Bong Joon-Ho, Palme d'or à Cannes et grand vainqueur des Oscars, où une famille déshéritée en infiltrait une autre, très aisée, résonnait déjà comme une satire acide de la société sud-coréenne et de ses inégalités.

Bong Joon-Ho peignait également les inégalités sociales et les rapports de domination qui en découlent dans "Le transperceneige" avec Chris Evans et Tilda Swinton, adapté d'une bande dessinée et continue ici, à 55 ans, de disséquer les rapports de classe. Cette fois, avec une bonne dose d'humour.

Surtout, "Mickey 17" sort à point nommé, alors qu'Elon Musk, patron de SpaceX qui rêve de voir coloniser Mars, a pris une place inédite aux côtés de Donald Trump après le retour de ce dernier à la Maison Blanche.

Son ombre plane sur le rôle du milliardaire joué par Mark Ruffalo, qui entretient son propre culte à bord et caresse des rêves de toute puissance.

Et à la manière du film "Don't Look Up" avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, qui avait fait mouche en dénonçant par le rire le déni climatique en 2021, "Mickey 17" se moque aussi des prophéties transhumanistes en vogue dans le milieu de la tech, qui promettent l'immortalité.

Bong Joon-Ho, se méfiant des films de "propagande", dit avoir voulu faire avant tout un film spectaculaire et drôle. "Tout ce qui arrive à Mickey, sa situation et la manière dont il est traité dans le film sont politiques. Cela parle de la façon dont nous traitons et respectons un être humain", a-t-il commenté.

"C'est un film de science-fiction où des gens vont sur des planètes extraterrestres, avec un vaisseau spatial et tout, mais il s'agit de gens ridicules. (...) Ce n'est pas une grosse aventure spatiale où les gens se tirent dessus avec des lasers. C'est plutôt sur des perdants ridicules. Le film est plein de gens qui sont adorablement ridicules".

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