"J'ai regardé devant moi et là, j'ai vu une scène d'horreur"
"Ni moi ni personne ne sous-estime votre douleur et l’importance à vous rendre justice", a assuré à la victime l'avocat général Éric Maitrepierre, requérant une sanction "à la hauteur de la gravité des faits" poursuivis.
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Le ministère public a également requis une interdiction définitive du territoire français ainsi que l'inscription de l'accusé au Fijais, le fichier des délinquants sexuels.
Faid Abdellah comparaît depuis lundi devant la cour criminelle départementale de Paris pour viol sous l'emprise de stupéfiants et d'alcool, vol et escroquerie.
Les faits reprochés remontent au 28 octobre 2022, comme l'a retracé la victime à la barre lundi. Ce soir-là, elle consomme de l'alcool dans un bar parisien où elle a ses habitudes. Le ventre vide, elle fait un malaise et chute. Elle est alors conduite aux urgences de l'hôpital Cochin, dans le XIVe arrondissement de Paris.
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Sur place, la jeune femme s'endort dans son box, avant d'être réveillée "par la douleur".
"J'ai regardé devant moi et là, j'ai vu une scène d'horreur", a-t-elle détaillé. Un homme avait "sa main et deux ou trois doigts enfoncés au fond de mon vagin et il faisait des allers-retours extrêmement forts et rapides", avait-elle ajouté.
L'agresseur avait ensuite pris la fuite, emportant la carte bancaire de la victime.
Au début de l’audience mardi, l’huissier a présenté à la cour le collant déchiré de la victime, percé d'un trou béant au niveau des parties intimes.
"Si elle avait crié, j’aurais arrêté"
Les descriptions du suspect effectuées par la victime et le personnel hospitalier ce soir-là avaient convergé vers un homme de type nord-africain, mesurant environ 1,80 m et barbu. Il aurait lui-même été hospitalisé dans la soirée à l'hôpital Cochin en état d'ivresse.
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Auditionné, le directeur du bar avait indiqué avoir aperçu cet homme aux abords de son établissement et qu'il avait agi "comme un rôdeur mal intentionné" autour de la victime alors qu'elle se trouvait au sol après sa chute.
Interrogé mardi matin, le discours de Faid Abdellah a oscillé entre les "je ne me souviens pas" et les multiples versions d’un même fait. En larmes, il a fini par demander à garder le silence, répondant de temps à autre aux questions de la cour.
"Qu'est-ce qui est vrai ? La première, la deuxième, la troisième ou la quatrième version ?", s'est interrogée la présidente de la cour Sabine Raczy, détaillant à la cour les multiples incohérences dans son discours.
"La vraie version, c’est celle que j'ai tenue devant le juge d’instruction, la dernière", a répondu Faid Abdellah, précisant ne pas avoir "le courage de répéter" les faits. "J’aimerais garder le silence", a-t-il ajouté.
Lors de l'enquête, M. Abdellah avait d'abord nié les faits, avant de les reconnaître à la toute fin de l'instruction.
Il avait alors reconnu avoir consommé "de la cocaïne et du cannabis" et violé la victime, pensant "que ça lui plaisait" et qu'elle "avait l'air heureuse" et "d'accord".
"C'est ça qui m'a mis en confiance de continuer. Si elle avait crié, j’aurais arrêté", a-t-il répété à la barre.
Nationalité, âge, famille... Experts psychiatre et psychologue et enquêteurs avaient déjà dressé lundi le portrait d'un homme, travailleur du BTP, au "récit incertain et fluctuant" tant sur le déroulé des faits que les éléments de sa vie personnelle.
Faid Abdellah, soumis à quatre obligations de quitter le territoire français depuis 2019, avait été condamné en 2021 à un an de prison assorti d'un mandat de dépôt pour vol avec violences.
Le verdict est attendu mardi dans la journée.