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Qatar : les électeurs aux urnes pour un référendum sur la suppression des législatives

Les Qataris se rendent aux urnes mardi pour un référendum visant à mettre fin à une brève expérience d'élections législatives dans ce petit Etat gazier du Golfe. 
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Les électeurs sont appelés à se prononcer sur une série d'amendements constitutionnels, prévoyant notamment de supprimer l'élection de leur organe législatif.

En 2021, un an avant d'accueillir la Coupe du monde de football, le Qatar avait organisé un scrutin inédit pour désigner 30 des 45 membres du Majlis al-Choura, un Conseil consultatif aux pouvoirs limités, dont les représentants étaient jusqu'alors désignés par l'émir.

L'exclusion de certains Qataris du processus avait toutefois suscité des divisions parmi la population. 

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En octobre dernier, l'émir Tamim ben Hamad al-Thani a proposé de revenir à la nomination de tous les membres du Conseil, disant avoir "tiré des conclusions" de cette brève "expérience".

Des responsables qataris semblaient confiants mardi sur l'issue de ce référendum, le premier en plus de 20 ans, qui se tient le même jour que l'élection présidentielle américaine. 

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Saoud ben Khaled Al-Thani, un membre éminent de la famille régnante, a dit s'attendre à un vote "unanime" en faveur des amendements proposés. 

"Chaque pays peut avoir son propre modèle, celui qui lui convient, qui convient à sa personnalité et à ses citoyens", a-t-il déclaré à des journalistes avant de voter.

Le Majlis al-Choura peut proposer des lois, approuver le budget ou encore révoquer des ministres, mais le tout-puissant émir a un droit de veto. 

Depuis 1999, le Qatar organise aussi des élections municipales tous les quatre ans.

Dans un bureau de vote situé près du stade Ahmad ben Ali, dans la banlieue de Doha, des centaines d'hommes en tenue traditionnelle blanche se sont dirigés vers les urnes après l'ouverture, tandis que des voiturettes de golf acheminaient les "VIP". La salle adjacente, réservée aux femmes, était moins fréquentée.

"Retour en arrière"

Lors du scrutin de 2021, seuls les descendants d'habitants déjà citoyens du Qatar en 1930 avaient eu le droit de voter et de se présenter comme candidats, disqualifiant d'office des familles naturalisées depuis, notamment des membres de l'importante tribu al-Mourra. Les candidats devaient aussi se présenter dans les circonscriptions où vivait leur famille ou leur tribu dans les années 1930.

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Parmi les autres amendements proposés figure un article permettant à tous les Qataris, y compris les citoyens naturalisés, d'occuper des fonctions ministérielles, un droit jusque-là réservé aux Qataris de naissance. 

Après avoir été exclus du processus électoral, "certains Qataris étaient mécontents et en colère", souligne Danyel Reiche, de l'université Georgetown au Qatar: "Parfois, au sein d'une même famille, certaines personnes pouvaient voter, d'autres non".   

"En n'organisant plus d'élections et en révisant les spécifications de la loi sur la citoyenneté, ce conflit est évité", affirme-t-il.

Le Qatar s'est doté d'une constitution en 2005, la première depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1971, avec l'objectif d'introduire des réformes démocratiques.

A l'époque, il était plus soucieux d'une "plus grande représentativité", estime Baraa Shiban, du Royal United Services Institute, en qualifiant les amendements proposés de "retour en arrière". 

Selon lui, le Moyen-Orient a connu dans les années 2000 un "débat silencieux" sur "la stabilité versus la démocratie", qui a atteint son paroxysme avec les soulèvements du printemps arabe en 2011. 

"Actuellement, le discours sur la stabilité est en train de l'emporter, mais je pense que cette discussion se poursuivra", prédit l'analyste basé au Royaume-Uni. 

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