Lors de cette première audience dans un tribunal de la capitale azerbaïdjanaise, un procureur a lu l'acte d'accusation visant M. Ryan et son complice présumé, Azad Mamedli, un citoyen azerbaïdjanais accusé pour sa part de "haute trahison".
Selon l'accusation, Martin Ryan, arrêté en décembre 2023, a été recruté par des membres de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) française travaillant à l'ambassade de France à Bakou qui ont ensuite été expulsés du pays.
Les autorités françaises ont rejeté catégoriquement, à plusieurs reprises, ces allégations. Selon son avocat, il possède également la nationalité britannique.
M. Ryan aurait, selon l'accusation, reçu notamment l'ordre d'obtenir des informations sur la déclaration de Choucha de juin 2021, un document renforçant l'alliance entre l'Azerbaïdjan et son principal soutien, la Turquie.
Toujours d'après cette source, il aurait également eu comme consigne de récolter des données sur les relations de l'Azerbaïdjan avec l'Iran, le Pakistan, l'Algérie et la Somalie, ainsi que des photographies d'armements livrés à Bakou par le Pakistan et des informations sur des entreprises liées à la Russie et à la Chine.
Lors de l'audience, selon des propos en français traduits par un interprète, M. Ryan a exprimé des regrets en disant avoir agi sans être conscient que ses activités pouvaient être utilisées à des fins d'espionnage.
Lundi, le juge a indiqué qu'il risquait entre 10 et 15 ans d'emprisonnement.
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Son coaccusé azerbaïdjanais, qui a plaidé non coupable, encourt pour sa part la prison à perpétuité pour "haute trahison". Il lui est reproché d'avoir été recruté par M. Ryan pour mener de supposées activités d'espionnage.
Les relations entre la France et l'Azerbaïdjan se sont tendues depuis que Bakou a repris, en septembre 2023, tout le contrôle du territoire du Haut-Karabakh à majorité arménienne, ce qui a provoqué le déplacement de plus de 100.000 habitants.
Bakou reproche le soutien de Paris à l'Arménie. Les autorités françaises accusent en retour l'Azerbaïdjan d'une ingérence concernant ses territoires d'outre-mer, ce que l'Azerbaïdjan nie.
Le 16 décembre, un autre Français de 38 ans, Théo Clerc, graffeur condamné à trois ans de prison pour avoir fait un tag sur un métro de Bakou, avait vu sa peine confirmée en appel. Ses deux co-accusés, un Néo-Zélandais et un Australien, ont été condamnés pour les mêmes faits à une simple amende.
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