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Perpétuité requise au procès d'un féminicide ayant choqué l'Italie

Le parquet de Venise a requis lundi la réclusion à perpétuité au procès d'un homme ayant commis un féminicide qui avait bouleversé l'Italie, où des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour dénoncer la survivance du "patriarcat".
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Le réquisitoire du parquet intervient, par un hasard du calendrier, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Filippo Turetta est jugé pour l'assassinat en novembre 2023 de son ex-fiancée, Giulia Cecchettin, une étudiante de 22 ans dont le corps avait été retrouvé dans un ravin lardé de dizaines de coups de couteau.

Ouverture du procès d'un féminicide qui a bouleversé l'Italie

Violences faites aux femmes : une plaie sociale et culturelle

Le procureur, Andrea Petroni, a souligné que la peine demandée s'appuyait sur les faits uniquement et ne découlait pas de "réflexions sur les féminicides et sur la Journée contre la violence faite aux femmes". "Nous ne les considérons pas opportunes dans un tribunal", a-t-il fait valoir.

Le verdict est attendu le 3 décembre.

Sans évoquer cette affaire, la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni a fustigé sur son compte X la "plaie sociale et culturelle" que constituent les violences faites aux femmes.

Il y a une semaine, le ministre de l'Education a provoqué une polémique en affirmant que "le patriarcat n'existe plus" et imputant les violences contre les femmes à l'immigration.

"Le patriarcat n'existe plus" : polémique après les propos d'un ministre italien

Lundi, le tribunal de Milan a par ailleurs condamné à la prison à vie un autre homme, Alessandro Impagnatiello, pour le meurtre en mai 2023 de sa fiancée, Giulia Tramontano, alors enceinte de sept mois.

Lutter pour les droits des femmes

Une manifestation contre les violences faites aux femmes a rassemblé samedi dans le centre de Rome des milliers de personnes.

"Nous sommes le cri, fort et féroce, de toutes ces femmes qui n'ont plus de voix", avaient alors scandé les participants.

Le ministère de l'Intérieur recense 84 féminicides depuis le début de l'année en Italie, après 96 en 2023 et 106 en 2022.

Des associations et ONG reprochent au gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni de ne pas en faire assez pour garantir et promouvoir les droits des femmes, voire de leur être "hostile".

"Les droits des femmes sont la première cible des forces politiques hostiles au respect des droits humains et quand ces forces arrivent au gouvernement, elles adoptent des lois qui les nient ou les limitent", a estimé lundi l'antenne italienne d'Amnesty International dans un communiqué.

"C'est le cas dans notre pays", où l'accès à l'avortement est entravé par un grand nombre de médecins qui refusent de les pratiquer et la présence dans les cliniques de militants anti-avortements, estime l'ONG.

Elle déplore également que l'Italie fasse partie "d'une minorité de pays européens qui n'ont pas encore adapté la définition du viol au principe de consentement" dans leur code pénal.

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