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Agressée pour ses cheveux courts, une Sud-Coréenne érigée en figure du mouvement féministe

On Ji-goo ne s'était jamais considérée féministe mais depuis son agression par un homme au motif que ses cheveux étaient courts, l'écrivaine en devenir a changé d'avis, devenant une figure du mouvement sud-coréen des droits des femmes.
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Mme On travaillait dans une supérette lorsque cet individu l'a passée à tabac, lui criant: "Je sais que tu es féministe".

Victime d'une perte d'audition et d'un grave traumatisme, On Ji-goo a souhaité poursuivre en justice son agresseur, âgé d'une vingtaine d'années. Dans sa décision d'octobre, la cour a finalement considéré la misogynie comme un motif de crime haineux, une première dans le pays.

Au-delà de "son importance historique", la décision d'un tribunal de Changwon (sud-est) "semble avoir une signification plus importante encore pour moi personnellement", confie Mme On dans un entretien exclusif avec l'AFP.

"Je pense désormais que je suis féministe", déclare-t-elle, préférant employer son nom de plume par mesure de sécurité.

Féministe malgré elle

L'attaque a suscité des réactions indignées en Corée du Sud et fait d'On Ji-goo une héroïne involontaire de la cause en faveur des droits des femmes.

Les cheveux courts ont tendance à être associés au mouvement féministe dans ce pays d'Asie de l'Est qui, malgré une économie prospère et le succès mondial des K-drama et de la K-pop, demeure traditionnel sur le plan sociétal.

La Corée du Sud ne reconnaît pas le mariage entre personnes de même sexe et présente, parmi les économies développées, un faible taux d'emploi des femmes et l'un des pires fossés salariaux entre les deux genres.

Des Sud-Coréennes très engagées dans la cause féministe

Portées par le mouvement mondial #MeToo initié vers 2017, des Sud-Coréennes ont organisé d'importantes manifestations féministes et obtenu plusieurs victoires, touchant aussi bien l'accès à l'avortement que le voyeurisme.

Sur des publications virales, des militantes ont détruit des produits de maquillage et coupé leurs cheveux face caméra pour s'opposer aux standards de beauté sud-coréens.

A également émergé le mouvement 4B (Quatre non) qui rejette les rencontres amoureuses, le sexe, le mariage et le fait d'avoir des enfants avec des hommes. 

Celui-ci fait le buzz depuis l'élection à la présidentielle américaine début novembre de Donald Trump, soutenu par les milieux conservateurs aux Etats-Unis.

Une question polarisante

En réaction, des antiféministes ont pris la parole. Le président Yoon Suk Yeol a même récemment cherché à gagner le soutien des jeunes hommes, niant toute discrimination institutionnelle envers les femmes et promettant d'abolir le ministère de l'Egalité des genres, "désuet" selon ses détracteurs.

Déjà lors des Jeux de Tokyo en 2021, la triple championne olympique de tir à l'arc An San a été victime de harcèlement en ligne en raison de ses cheveux courts.

"Les athlètes trouvent souvent qu'il est plus commode d'avoir les cheveux courts" à l'entraînement, note On Ji-goo, qui, elle, avait choisi de couper les siens en raison de la chaleur. Pour elle, rapprocher une coiffure du féminisme est "absurde".

An San n'a jamais commenté les attaques en ligne à son encontre. Sa "fierté et sa confiance en elle, en plus de sa capacité à tout simplement ignorer la négativité, (sont) vraiment impressionnantes", juge Mme On.

"Avec le temps, je me suis sentie inspirée par son sens de la dignité et sa confiance en elle (...) et j'ai pensé : y a-t-il vraiment quoi que ce soit dont je devrais avoir honte?", raconte On Ji-goo.

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Une lutte acharnée contre l'émancipation féminine


Début septembre, la police a ouvert une enquête sur la diffusion de contenus pornographiques générés par intelligence artificielle (IA), qui mettaient en scène des étudiantes et salariées d'écoles et universités du pays.

Un tribunal de Séoul a condamné à 10 ans d'emprisonnement l'un de leurs auteurs, qui ciblait des étudiantes de la prestigieuse université nationale de Séoul, motivé par une "haine envers les femmes connaissant une réussite sociale", d'après la justice.

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Une des victimes, qui utilise le pseudonyme de Ruma, explique à l'AFP que son agresseur "voulait souligner que quelle que soit la réussite d'une femme, elle peut être piétinée (...) par les hommes".

Pour la militante Jung Yun-jung, qui a soutenu Mme On lors du procès, la situation pourrait empirer à mesure que s'accroissent les inégalités et la compétition sur le marché de l'emploi.

La Corée du Sud présente l'un des plus faibles taux de natalité du monde et de moins de moins de mariages, ce que des experts attribuent à une intense compétition sur le marché du travail et au niveau du logement.

Mme On, elle, est toujours sous traitement du fait de ses blessures psychologiques et physiques. Aider d'autres femmes victimes de faits similaires lui a permis de retrouver du sens.

Le féminisme, au bout du compte, c'est considérer que "les droits des femmes sont aussi importants" que ceux des hommes, résume-t-elle.

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