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Après l'IA, les entreprises invitées à se préparer au quantique

C'est encore assez mystérieux, pas complètement au point, mais les promesses sont immenses et la France et l'Europe bien placées dans la course : après l'intelligence artificielle, les entreprises sont désormais invitées à monter rapidement dans le train du quantique.
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Celui-ci repose sur la capacité pour deux particules, même très éloignées l'une de l'autre, de rester en contact, en se transmettant des informations par "téléportation" quantique.

Un phénomène qui promet des puissances de calcul prodigieuses. L'informatique quantique a déjà des applications en cryptographie.

"L'ordinateur quantique idéal n'existe pas encore", remarquait mardi dernier au Medef Alain Aspect, prix Nobel de physique en 2022 avec deux autres chercheurs pour leurs travaux sur l'intrication quantique.

Mais le scientifique, âgé de 77 ans, a bon espoir de le voir "de son vivant", a-t-il déclaré devant cette 12e Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) du Medef consacrée au numérique. 

Les problèmes à résoudre concernent notamment la stabilité des bits quantiques, très sensibles aux interférences extérieures.

Mais des "simulateurs" existent déjà. 

Quand la technologie s'inspire des atomes : l'informatique quantique prend forme

Rebattre les cartes


IBM a déjà installé "plus de systèmes à destination de nos partenaires et clients que la totalité des autres acteurs mondiaux ensemble", indique Pierre Jaeger, directeur technique en charge des partenariats stratégiques pour la branche IBM Quantum, dont le chiffre d'affaires est d'un milliard d'euros.

Parmi les clients, l'énergéticien allemand E.ON, des industriels comme Mitsubishi, le laboratoire de vaccins à ARN messager Moderna, Capgemini ou le Crédit mutuel.

"Est-ce que c'est un business rentable ? Absolument pas. Ça reste du domaine de la recherche et développement", selon M. Jaeger. 

"L'ensemble des acteurs du hardware", l'ordinateur lui-même, "font ce travail de pèlerinage", note Théau Peronnin, directeur général et cofondateur d’Alice&Bob, une de ces entreprises françaises, comme Quobly, Pasqal ou Quandela. 

Quandela propose l'accès à une formation au simulateur quantique à partir de son site.

Théau Peronnin souligne que les premiers à se lancer dans le quantique auront un avantage "énorme", avec la faculté "de rebattre les cartes de pans industriels entiers".

D'où l'urgence, selon lui, d'avoir dans les entreprises "l'ensemble de la tuyauterie en interne prête" quand la machine arrivera : "Ce sont des paris à 5 ans qu'on ne peut pas se permettre de rater".

Karts


Fanny Bouton, directrice du quantique chez OVHcloud, incite aussi les entreprises à se familiariser avec les simulateurs quantiques : "On ne monte pas dans une Formule 1 sans se mettre dans le mur si on n'est pas d'abord passé par les karts".

Pour elle, "toutes les entreprises qui font un milliard de chiffres d'affaires devraient investir un million dans le quantique pour ne pas rater le virage".

Et, pour les petites et moyennes entreprises, "il y a forcément, parmi les employés, des personnes intéressées par le quantique: il faut les aider à suivre ce qui se passe par la formation permanente", remarque M. Aspect.

La France, qui a eu depuis 1929 cinq prix Nobel de physique en lien avec le quantique, a "un terreau de gens bien formés", avec un "écosystème extrêmement favorable à l'émergence des start-ups", souligne le scientifique.

Il serait "absurde", insiste M. Peronnin, "que la France, l'Europe, aient fait tout ce qu'il faut pour que le système soit prêt, et que la balle ne trouve pas preneur côté industriels."

"Ces start-ups sont là, ils parlent français, vous pouvez aller discuter très facilement avec eux de vos cas d'usage", a plaidé également Loïc Le Loarer, coordinateur de la stratégie nationale quantique au Secrétariat général pour l'investissement (SGPI).

Patrick Martin, le président du Medef, qui représente 200.000 entreprises en France, a souligné aussi que "le tri se fera(it) entre ceux qui auront été proactifs et ceux qui, pour différentes raisons, d'indifférence ou de crainte, n'auront pas saisi ces opportunités". Le Medef et l'Institut Polytechnique de Paris ont en projet une convention-cadre sur le quantique.

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