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Soudan : plus de 50 morts dans le bombardement d'un marché imputé aux paramilitaires

Plus de 50 personnes ont été tuées samedi dans un bombardement attribué aux paramilitaires soudanais contre un marché à Omdourman, proche banlieue de Khartoum, a indiqué une source médicale à l'AFP.
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La source à l'hôpital Al-Nao, qui a requis l'anonymat, a déclaré que des blessés étaient "toujours amenés à l'hôpital" après l'attaque qu'elle a imputée aux Forces de soutien rapide (FSR).

L'établissement est débordé et a besoin de davantage d'unités de sang et d'équipements pour soigner les blessés, a-t-elle ajouté.

Selon un dernier bilan de même source, 54 personnes ont péri dans le bombardement.

Dans le sud de la capitale, "deux civils ont été tués" par une frappe aérienne menée sur un secteur contrôlé par les FSR, selon le réseau local "Cellules d'intervention d'urgence", dirigé par des bénévoles.

Depuis avril 2023, les paramilitaires des FSR sont en guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, un conflit qui a tué des dizaines de milliers de personnes et en a déraciné plus de 12 millions. 

"Les roquettes sont tombées au milieu du marché aux légumes, c'est pourquoi les victimes et les blessés sont si nombreux", a déclaré un rescapé de l'attaque à l'AFP. 

L'hôpital Al-Nao a un besoin urgent de "linceuls ainsi que de brancards pour transporter les blessés", a affirmé un volontaire y travaillant. L'établissement, un des derniers à fonctionner dans la région, avait été ciblé à plusieurs reprises.

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Les "roquettes tombent"

Après des mois d'impasse à Khartoum, l'armée y a lancé en janvier une offensive, et repris des bases clés, y compris son quartier général qui était assiégé par les paramilitaires depuis le début de la guerre. 

Les FSR ont été chassées de nombreux de leurs bastions, de plus en plus repoussées à la périphérie de la capitale. 

Des témoins de l'attaque de samedi, la dernière en date à viser un marché, ont déclaré à l'AFP que les tirs d'artillerie, soutenus par des drones, provenaient de l'ouest d'Omdourman, secteur encore contrôlé par les FSR. 

"Des roquettes et des obus d'artillerie tombent", a déclaré un habitant d'un secteur plus au sud d’Omdourman, où, selon lui, les FSR ont lancé une attaque simultanée dans plusieurs rues. 

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Contre-offensive

Vendredi, le chef des FSR, Mohamed Hamdane Daglo, a juré de chasser l'armée de la capitale, y reconnaissant ainsi indirectement pour la première fois des revers. 

"Nous les avons expulsés (de Khartoum) et nous les expulserons à nouveau", a-t-il lancé, dans une rare intervention vidéo, le montrant assis derrière un bureau en tenue militaire.

Depuis le début de la guerre, la capitale n'est plus que l'ombre d'elle-même, avec des quartiers entiers investis par des combattants. 

Entre avril 2023 et juin 2024, 26.000 personnes y ont été tuées selon un rapport de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, et au moins 3,6 millions de ses habitants l'ont fuie d'après l'ONU. 

Selon des témoins qui n'ont pas pu ou voulu partir, les zones résidentielles ont été régulièrement bombardées. 

Au moins 106.000 personnes souffrent de la famine dans la capitale, selon un système de classification soutenu par des agences de l'ONU, et 3,2 millions de résidents y souffrent de la faim à des niveaux critiques. 

À travers tout le pays, la famine a été déclarée dans cinq zones, principalement dans la région occidentale du Darfour, ravagée par la guerre, et devrait en toucher cinq autres d'ici mai. 

L'administration de l'ex-président américain Joe Biden avait sanctionné le général Burhane, accusant ses troupes d'attaquer écoles, marchés et hôpitaux et d'utiliser la privation de nourriture comme arme de guerre. 

Elle avait aussi imposé une mesure similaire contre M. Daglo, accusant ses forces d'avoir commis un "génocide" et pointant des "violations flagrantes des droits humains" au Darfour, où les FSR sont en position de force. 

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