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Le désir amoureux par Marianne Chaillan – Brut Philo
“Quand on tombe amoureux, c'est comme au casino, on peut tout perdre”
“Quand on tombe amoureux, c'est comme si on allait au casino, on peut tout perdre. Il faut le savoir. Et oui, ça vaut le coup de jouer. Parce que refuser de jouer ce jeu, ce serait, d'une certaine manière, déjà refuser de vivre”. Marianne Chaillan est professeure de philosophie à Marseille. Elle vient de publier le livre “A la folie, passionnément” sur le désir amoureux. Selon elle, rompre n’est pas un échec. “La vie elle-même, elle est mouvement, elle est changement, elle est incomplétude, elle est douleur. Et comment on pourrait attendre d'une expérience de vie, l'expérience désirante, de l'amour, qu’elle nous autre chose que ce que la vie nous offre elle-même? C'est-à-dire: caractère éphémère, souffrance indépassable et incomplétude”.
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Elle ajoute : “Et il y a beaucoup de gens, et certains des philosophes, qui vont dire: oui, mais tomber amoureux, c'est s'exposer donc à un sentiment de manque permanent, parce que quand je désire, je manque de l'objet, mais quand je l'obtiens, je suis pas tout à fait complet non plus. Donc:c'est une expérience du manque, il faut l'éliminer, c'est une expérience de la douleur, éphémère, surtout protégeons-nous... Donc, au nom de ces reproches qu'on fait porter sur le désir, on voudrait s'en préserver? Moi, j'ai l'impression que les reproches au désir à ce moment-là, c'est des reproches qu’on adresse en fait à la vie”.
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“Essayons de ne pas vivre une existence anesthésiée”
“Et si on y va en connaissance de cause, alors, finalement, l'expérience désirante est moins douloureuse parce qu'on est au courant, ça nous aura amené à profiter de manière beaucoup plus ardente de chacun des moments qui nous aura été donné de vivre”. Pour elle, vivre est corrélé à la souffrance. “Pour ne pas souffrir, on se fait anesthésier, et moi, j'essaye de dire: essayons de ne pas vivre une existence anesthésiée. Acceptons pleinement de se faire percuter, de se faire meurtrir, mais du coup, de vivre!” affirme Marianne Chaillan.
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“Je ne juge absolument personne. Je ne juge certainement pas ceux qui ne font pas le pari du désir et qui préfèrent la tranquillité dont on parlait tout à l'heure. C'est un témoignage personnel, une réflexion personnelle que je veux partager avec vous. Et ça implique effectivement d'accepter le contradictoire. Je suis pas là : la philosophe qui vient dire ce qu'est la vérité du désir. Si je le savais, comme ça serait bien !” conclut la professeure de philosophie.