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Le sexe vu par une ado de 14 ans : Lucie a rouvert son journal intime

"Le sexe est important dans la vie des ados, mais pas que chez les garçons." BRUT LOVE. À 30 ans, Lucie Mikaelian est tombée sur son journal intime qu'elle tenait à 14 ans, l'année où elle a perdu sa virginité. Alors elle a décidé de se replonger dans les premiers pas de sa vie sexuelle…
Publié le
21
/
05
/
2023

“L’une des injonctions est que souvent, une fille a besoin d'être en couple et de montrer qu'elle est amoureuse avant de pouvoir coucher sans honte avec un garçon”


Lucie Mikaelian est la coautrice de la BD “Mes 14 ans”, inspirée de son journal intime personnel qu’elle a retrouvé jeune femme. “Je suis retombée sur mon journal intime quand j'avais 30 ans. Ce journal, c'est le journal que je tenais l’année de ma 3e, et c’est l’année où il s’est passé quelque chose de dingue, quand j’ai perdu ma virginité”. En ouvrant, la jeune femme est parcourue par plusieurs émotions : la honte, d’abord, puis la curiosité. “Il y a eu #MeToo entre-temps, avec la libération de certaines paroles des femmes, l'interrogation du désir féminin aussi, et du coup je ne l'ai plus vu ensuite comme un objet de curiosité. Je l'ai publié sur Instagram. Ensuite, c'est devenu un podcast puis une BD, coécrite par Jeanne Boëzec et moi, et illustrée par Lisa Chetteau”.

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Lorsqu’elle a 14 ans, Lucie Mikaelian rencontre Camille sur MSN. “On tombe amoureux, il se passe trois mois de découverte de nos corps, et un jour, le 19 novembre 2003, on fait l’amour pour la première fois”. Selon elle, “dans notre société, une des injonctions du couple hétérosexuel fait qu’il faut respecter certaines règles, notamment celle d’être en couple avant de coucher ensemble”. Plusieurs années plus tard, elle s’interroge : “Est-ce que j'étais amoureuse passionnément du petit copain de l'époque, Camille, ou est-ce que c’était une manière pour moi de légitimer ma perte de virginité ? La différence entre les filles et les garçons, c'est qu'une fille a besoin d'être en couple et de montrer qu'elle est amoureuse pour ne pas avoir l’air salie ou ne pas avoir l’air d’être une salope. Alors qu’un garçon va plutôt se vanter d’avoir perdu sa virginité”.

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La Lucie de 14 ans à ce moment-là, je pense qu’elle savait au fond qu’elle sortait avec Camille pour aussi perdre sa virginité mais sauf que ça, jamais, elle l’aurait avoué. Quand j’ai perdu ma virginité, il y a 50 % de moi qui avait envie de le faire, parce que j’avais un désir assez débordant de jeune femme, et 50% qui était de pouvoir dire que je l'avais fait”. Pour Lucie Mikaelian, le désir féminin est toujours coincé entre ces deux injonctions très contradictoires. Quelque temps plus tard, à 14 ans, elle se rend compte qu’elle aime un autre garçon : Ben qui est dans sa classe, avec qui elle sort pendant quelques mois, jusqu’à ce qu’il la quitte. “C'est le premier moment où on expérimente, en tant qu'adolescente, le rejet, la frustration, le chagrin d’amour et, en fait, la réalisation que l'amour, c’est très douloureux”.

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“J'aurais aimé qu'on m'apprenne que la sexualité est quelque chose de positif”


A propos des informations dont elle disposait à l’époque sur la sexualité, elles étaient rares. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Elle ne regardait pas de films porno. Alors la principale source d’information était les magazines féminins, “qui, à l'époque, étaient une mine d'injonctions permanentes entre le poids qu'il faut perdre, telle technique d’épilation… L'apprentissage de la sexualité se faisait avec toutes ces injonctions”. L’adolescente qu’elle était regardait la série Sex and the City et les films Bridget Jones, “deux femmes, deux héroïnes, qui passaient leur temps à vouloir s'émanciper des garçons tout en étant obsédées par eux. Je pense que cela m'a énormément influencée, parce que ce n'étaient pas des femmes qui ne vivaient que pour elles-mêmes. Tout tournait autour de l'amour, du grand amour, du petit amour”

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A l’époque, sa mère l’a encouragée à aller voir la gynécologue. “Il y avait beaucoup de conversations, mais elles étaient beaucoup centrées autour de la protection: il fallait avoir peur. C'est-à-dire : ne pas attraper le sida, ne pas tomber enceinte... Mais rien autour du plaisir. Je pense que c'est ça que j'aurais aimé qu'on m'apprenne, c'est qu'en fait, la sexualité n'est pas quelque chose que de sale et de dangereux, mais quelque chose de positif. Je pense que le plus important, c'est de ne pas céder à la pression, à la pression des autres, de ses parents, parfois même, des garçons à l'école ou des médias”. Depuis la sortie de la BD, elle reçoit beaucoup de témoignages d’adolescentes principalement, qui confient se retrouver dans ses propos. 

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