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Le consentement, c'est aussi dans le couple
“40% des hommes français de plus de 18 ans trouvent que c'est normal d'avoir un rapport sexuel avec son partenaire, pour lui faire plaisir, même quand on n'en a pas envie” selon un sondage Ifop de septembre 2023, déclare Charline Vermont, autrice du livre “Corps, amour, sexualité”, dans lequel elle traite notamment de la notion de consentement au sein du couple, “l’angle mort du consentement de manière générale. Or, il y a quand même des chiffres qu'il faut garder en tête. Le ministère de l'Intérieur nous dit que 47 % des viols commis en France le sont dans le cadre conjugal. La réalité du viol conjugal, c'est que c'est la personne avec qui vous vivez au quotidien qui va le plus souvent exercer des violences psychologiques sur vous. Et donc la plupart des victimes n'en ont même pas conscience”.
“Il y a même des filles qui vont me dire: "Moi, je me force, en fait, parce qu'il faut quand même le faire régulièrement.”
“Pour beaucoup de gens, un couple qui va bien, c'est un couple qui baise beaucoup. Mais stop à cette représentation hyper négative, où tout le monde se met la pression. Il y a même des filles qui vont me dire: "Moi, je me force, en fait, parce qu'il faut quand même le faire régulièrement.” Stop! Vous n'avez pas à vous forcer”. Elle le rappelle, le consentement, “c'est partout, dans toutes nos relations humaines, et c'est encore plus présent dans la sphère intime, sexuelle. Le consentement, ce sont deux "oui", deux désirs joviaux et enthousiastes qui se rencontrent”
Le désir amoureux par Marianne Chaillan – Brut philo
Parmi ces violences exercées au sein du couple, Charline Vermont donne quelques exemples: “si votre partenaire insiste pour faire du sexe avec vous jusqu'à ce que vous cédiez. Céder n'est pas consentir. Un autre exemple très concret, c'est de dire: "Bon, bah, si c'est comme ça, si tu ne veux pas coucher avec moi, moi je vais voir ailleurs." Les exemples que je vous ai donnés rentrent dans la définition française, dans le Code pénal, du viol. Ce n'est pas normal, la situation que vous vivez. Si vous vous reconnaissez dans un des cas que je vous ai dits avant, il est important d'aller chercher de l'aide”.
Comment s'assurer du consentement de l'autre ?
“Le devoir conjugal, ça n’existe pas”
Elle réaffirme également les “R.E.G.L.E.S. du consentement”: “R, pour révocable. Votre consentement, vous pouvez le retirer à tout moment sans avoir à vous justifier. E, comme enthousiaste. Le G, il est gagnant-gagnant, c'est-à-dire: je te respecte, tu me respectes et ensemble, on va passer un chouette moment. Le L, c'est pour libre, il faut que votre consentement soit donné sans contrainte ni pression. Ensuite, le E, c'est pour éclairé. Vous ne pouvez donner votre consentement que quand vous êtes en pleine possession de vos capacités cognitives. Il y a enfin le S, c'est spécifique. Vous pouvez donner votre consentenment par exemple pour être emballé à pleine bouche, pour recevoir un cunni, ce n'est aucunement un blanc-seing pour, derrière, une pénétration”.
Voir le doc Brut: “Porno et consentement”
Charline Vermont rappelle aussi que “le devoir conjugal est une notion juridique qui n’existe pas”. Elle ajoute: “Je pense que dans une société patriarcale où le droit des femmes a été assez peu pris en compte, on considérait qu'à partir du moment où on était en couple, on devait se mettre à disposition de sa/son partenaire/conjoint pour lui donner, quand il en avait envie, des relations sexuelles. Il y a des injonctions qu’on reçoit étant jeunes, et qui sont longues à déconstruire. Quelque part, on va se dire: je dois bien finalement le satisfaire. Ça fait partie du package d’être en couple. Et là, stop. C’est à votre partenaire de gérer lui-même son désir”.
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Comment gérer les différences de libido dans un couple?
Elle affirme que la différence de libido est “la réalité de beaucoup, beaucoup de couples”. Elle conseille avant tout d’en parler. “Parce que la personne qui a beaucoup de désir et de libido peut ressentir une forme de rejet. Je vais peut-être aussi rappeler, en fait, que la masturbation au sein du couple, c'est OK. La sexualité solo, la sexualité à deux, elles ont vocation à coexister au cours de la vie. Je pense que c'est très apaisant de savoir que votre partenaire, si il/elle a plus de libido que vous, il/elle peut se faire plaisir d'une manière ou d'une autre sans que vous soyez en charge. Cette charge mentale n'a pas vocation à être sur vos épaules. Donc offrez-vous mutuellement du dialogue autour de la masturbation. Et offrez-vous de l'espace en disant : "Eh bien non, c'est complètement OK. Écoute, moi ce soir, j’ai pas envie. Allez, je vais mater une série au salon et tu m'appelles quand tu as fini !"
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Enfin, Charline Vermont invite les partenaires qui sont en couple en l'occurrence à “recadrer le sujet du consentement au sein du couple” et à “inventer des manières un peu cool de se demander quand on a tous les deux envie”. Elle reprend les mots d’une des membres de sa communauté qui avait déclaré: “Nous, ce qu'on adore faire, c'est que la personne qui a envie de faire l'amour à l'autre allume une petite bougie dans la chambre. L'autre entre dans la chambre, si la bougie reste allumée, c'est allez! Et si la bougie est éteinte, ça veut dire que ça ne sera pas ce soir. Ça n'empêche pas d'avoir d'autres manières de se connecter. Ce langage de l'intime, il peut être de 1000 manières. Il peut être extrêmement verbal, également. Vous pouvez simplement dire à l'autre: "Écoute, ce soir, j'ai juste très, très, très envie de toi”.
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