Cette vidéo sera publiée prochainement

BRUT PHILO : le sexe à l'heure des réseaux sociaux

“On a affaire à une métamorphose de la sexualité” BRUT PHILO. Aujourd’hui, réseaux sociaux et écrans impactent nos relations, y compris sexuelles. Voici pourquoi le sexe en 2023 n’est plus tout à fait pareil qu’avant, avec la philosophe Elsa Godart.
Publié le
16
/
07
/
2023

“On a affaire à une métamorphose de la sexualité”


J'ai eu affaire aussi à un homme, qui préférait regarder un film porno plutôt que d'avoir une relation sexuelle avec sa copine qui dormait dans la chambre d'à côté. Pourquoi quand on lui demande: "C'est moins fatigant." Donc on est vraiment sur ce rapport d'indifférence ou d'équivalence”. Elsa Godart est philosophe et psychanalyste. Pour Brut, elle s’intéresse à la sexualité en 2023. Selon elle, “on préfère (aujourd’hui) quelque chose de simple et d'efficace. Ça fait de nous des individus mécaniques. En fait, ça fait de nous des machines.” Elle ajoute qu’actuellement, beaucoup de gens refusent d’aller “jusqu’à la rencontre” : “On s’érotise. On établit une sexualité de l’entre-deux, qui est davantage fantasmatique, avec des supports d’images, vidéos, sans qu’il y ait rencontre des corps. D’une certaine manière, l’écran fait écran, c’est-à-dire qu’il y a une volonté de ne pas aller jusqu’à assumer la pleine et entière relation à l’autre”.

Repenser nos rapports sexuels, avec Alexandre Lacroix


Pour la philosophe Elsa Godart, “il y a une volonté de ne pas assumer tout ce qui peut être caractéristique de la lourdeur d'une relation. Donc en fait, on ne va en garder que le meilleur. On va se satisfaire avec ces images, avec ce support, on va accompagner ce support d'une vie fantasmatique, mais en même temps on ne va pas jusqu'à la rencontre de l'autre”. Elle développe son idée : “Un rapport sexuel, quel qu'il soit, engage la rencontre avec l'autre, et donc avec quelque chose de vertigineux en soi, qui est la différence. C'est-à-dire que je vais me confronter à quelque chose que je ne maîtrise pas, que je n'appréhende pas. Je vais me mettre à nu, au sens physique et peut-être aussi, évidemment, métaphorique, face à l'autre. Donc ça m'engage et, plus largement, ça m'oblige, comme dirait Emmanuel Levinas (ndlr : le philosophe). Eh bien, on n'a pas envie de ça. On a envie de quelque chose qui, finalement, ne me permet pas d'avoir autant de responsabilités”.

Philosophie de la rencontre amoureuse, par Charles Pépin


“Ne plus avoir envie de faire l’amour, ça veut dire ne plus avoir envie de curiosité”


La philosophe et psychanalyste “trouve ça très dommage” car “finalement, ne plus avoir envie de faire l’amour, ça veut dire ne plus avoir envie du goût de l'autre, de la curiosité, de la différence, de la découverte. Je rappelle que ce n'est que dans la rencontre avec la différence qu'on peut créer. Si on n'est que dans la rencontre avec le même, ce qu'on appelle l'endogamie, la répétition du même, on est dans quelque chose qui nous empêche de faire un nouveau monde.” Elle décrit “l’auto-ubérisation de la société” qui mène à “une auto-ubérisation de soi” : “En permanence, dans tout ce que l'on fait, on va s'auto-évaluer. Ce n'est pas juste une auto-évaluation classique. On se met en situation d'être évalué en permanence, par soi et par les autres. C'est ça, les likes ou les commentaires qu'on attend. Ce qui nous met une pression, mais on se met soi-même cette pression, parce qu'au fond, elle est factice. On n'a pas besoin d'aller jusque-là.

Pourquoi aime-t-on ? - Brut philo


“Autorisez-vous de votre propre désir !”


Comme un épisode de la série Black Mirror, “tu me mets 4 sur cette performance sexuelle. Mais c'est horrible !” commente Elsa Godart. “Vous vous rendez bien compte qu’on est loin d'une sexualité qui parle d'amour, de reconnaissance de l'autre et de ses propres désirs. On est dans une sexualité consommable, de consommation. Mais le propre de notre société contemporaine est d'être paradoxale. Il ne faudrait pas en tirer des conclusions trop hâtives. On a affaire à des mécanismes et à des mises en forme, d'où la notion de métamorphose, sur plusieurs plans. On continue à faire l'amour. Le rapport à la sexualité, aux sexualités, se modifie. Les questionnements demeurent. Les outils, les usages sont en pleine évolution, et il nous faut aujourd'hui les analyser, les interroger, sans en tirer des conclusions. Rester prudent”

Le désir amoureux par Marianne Chaillan – Brut philo


“Il est vrai qu'on a affaire à une métamorphose de la sexualité. La sexualité, c'est une histoire que vous décidez de raconter. On a beaucoup élaboré autour du consentement, c'est une chose très importante, mais le consentement commence par soi-même. Autorisez-vous de votre propre désir. Mais avant cela, prenez le temps de l'interroger avant de pouvoir être saturé d'images, d'être dans un effet de conformisme, d'uniformisation, de mimétisme, de reproduire ce que vous voyez. Interrogez votre propre désir. Posez-vous la question de ce que vous voulez vraiment, de ce que vous êtes vraiment, de ce que parce qu'il ne peut y avoir d'amour de l'autre ni de désir sans l'amour de soi. Et l'amour de soi, par le respect de soi, mais pour ça, il faut prendre le temps de s'interroger” conclut la philosophe et psychanalyste

Notre rapport à notre visage à l'heure des réseaux sociaux – Brut Philo


En France, le réseau social TikTok enregistrait en 2023 près de 15 millions d'utilisateurs actifs mensuels et près de 10 millions d'utilisateurs actifs quotidiens. La vidéo sur laquelle chacun peut publier une courte vidéo rencontre toujours autant de succès et l'audience reste active sur la plateforme de vidéos. L'application mobile Instagram comptabiliserait près de 35 millions de visiteurs uniques mensuels. Sur cette plateforme, le contenu peut être une vidéo, une photo unique ou une série de photographies. Les internautes recueillent des likes, commentaires et partages. S'il est réservé à un usage exclusivement professionnel, la plateforme Linkedin capterait 26 millions de membres en France. Sur leur smartphone, nombreux sont les Français a utilisé également l'application Snapchat ou à visionner des vidéos sur YouTube.

Clara, créatrice de contenus sur OnlyFans