L'exposition "Alfred Dreyfus, vérité et justice" ouvre jeudi et jusqu'au 31 août au Musée d'art et d'histoire du judaïsme (mahJ).
Celui-ci possède une vaste collection relative à cet épisode de l'histoire de France qui secoua la vie politique et intellectuelle des années 1890. Et il s'est fait prêter de nombreuses œuvres ou pièces.
Depuis une autre exposition en 2006 sur "l'Affaire", comme on la désigne généralement, "une génération est passée et il nous a paru nécessaire d'y revenir", dit le directeur du mahJ, Paul Salmona.
"Une autre raison, c'est la remise en cause aujourd'hui de la notion même de vérité (...) Et s'il y a bien un événement qui illustre la vérité et la justice, c'est l'affaire Dreyfus", ajoute-t-il.
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"Dreyfus ne fut pas une victime, il fut le héros de l'Affaire"
Au départ, en septembre 1894, un banal bordereau qui liste des documents militaires de peu d'intérêt, repêché dans une corbeille de l'ambassade d'Allemagne à Paris. Il y a un donc un militaire français qui traite avec l'ennemi.
Un fac-similé est exposé car, de l'original, seul un fragment a été conservé. La disparition du reste est "un mystère", d'après l'un des commissaires d'exposition, Philippe Oriol.
On voit en revanche des originaux, comme un authentique exemplaire du journal L'Aurore où Émile Zola publie son célèbre "J'accuse...!", les deux dessins à l'encre de Chine de Caran d'Ache, "Un dîner en famille", et sa célèbre légende : "Ils en ont parlé", ou le tirage d'une photo de la dégradation du capitaine Dreyfus dans la cour de l'École militaire.
L'exposition rétablit le caractère d'Alfred Dreyfus, natif de Mulhouse, polytechnicien, officier très apprécié, déterminé à faire valoir patiemment et indubitablement son innocence mais réticent à se mettre en avant.
"Dreyfus ne fut pas une victime, il fut le héros de l'Affaire", selon Philippe Oriol. "Et il ne faut plus parler d'erreur judiciaire mais de crime judiciaire. Un crime d'État".
Sachant le nombre de personnes impliquées pour obtenir et maintenir une culpabilité coûte que coûte, "l'Affaire est une immense machination politique, militaire et judiciaire, dans un contexte d'antisémitisme féroce", d'après l'autre commissaire d'exposition, Isabelle Cahn.
Il y avait bien un traître dans cette histoire : un certain Ferdinand Walsin Esterhazy, obscur commandant qui, dans des écrits retrouvés par Philippe Oriol, confiait sa haine pour la France.