L'homme de 53 ans comparaît devant le tribunal correctionnel pour "violence sur un militaire de la gendarmerie nationale suivie d'incapacité supérieure à huit jours aggravée par une circonstance". Il encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.
Les faits remontent au 25 août 2022, quand deux gendarmes interviennent sur arrêté préfectoral pour contrôler l'élevage de chiens du Britannique, jugé illégal en raison de mauvaises conditions sanitaires, à Vidaillat, petit village au nord du plateau de Millevaches.
"Et là, Freegard est arrivé pour demander des explications aux gendarmes, se souvient un voisin ayant assisté à la scène, qui a requis l'anonymat. Ils ont contrôlé ses papiers mais il avait encore la clef dans la voiture. Il a remis le contact et s'est enfui en percutant les deux gendarmes."
Les militaires blessés se voient prescrire six et 21 jours d'incapacité totale de travail et le Britannique entame une cavale qui s'achève, huit jours plus tard en Belgique, par son interpellation sur une autoroute près de Bruxelles.
Remis aux autorités françaises, il est incarcéré à la maison d'arrêt de Limoges (Haute-Vienne) depuis octobre 2022.
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Soupçons des voisins
Juste avant cette fuite rocambolesque, le passé d'escroc de Robert Hendy-Freegard et ses déboires avec la justice britannique avaient été mis en lumière par une série-documentaire, "The Puppetmaster: leçons de manipulation", et un film, "Rogue Agent" avec James Norton et Gemma Arterton, tous deux diffusés sur la plateforme Netflix.
En 2005, il est condamné au Royaume-Uni à la prison à perpétuité pour enlèvement, tromperie et vol après avoir soutiré plus d'un million de livres sterling à des étudiants et à des femmes, en se faisant notamment passer pour un espion du MI5, le service de renseignement intérieur britannique.
Il est libéré en 2009 après l'invalidation de sa condamnation pour enlèvement par une cour d'appel.
C'est en 2015 qu'il s'installe dans la Creuse avec une nouvelle compagne, Sandra Clifton, pour monter un élevage de chiens "beagles".
Son comportement singulier et le mutisme de l'Anglaise éveillent les soupçons des voisins, en majorité des retraités. Ils finissent par découvrir son passé sur Internet et cherchent à contacter la famille de Sandra Clifton car ils soupçonnent Robert Hendy-Freegard de la manipuler comme ses précédentes victimes.
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Sa compagne rentrée en Angleterre
"On ne pouvait pas laisser cette femme dans une telle situation, c'était insupportable", explique l'un des voisins, Pierre-Yves Boyer.
Grâce au documentaire Netflix, dans lequel les deux enfants de la quadragénaire lançaient un appel à l'aide pour retrouver leur mère, un contact est établi avec le fils, Jake, fin août 2022. Sandra Clifton est depuis retournée vivre en Angleterre auprès de sa famille.
Le Britannique n'a toujours pas expliqué son geste envers les gendarmes. Au moment de la reconstitution des faits en septembre 2023, son avocate d'alors, Me Juliette Magne-Gandois qui ne le représente plus, avait indiqué qu'il avait "toujours nié l'intention de tuer qui que ce soit et ce, de manière constante".
Robert Hendy-Freegard en dira peut-être plus jeudi lors d'un procès où il pourrait comparaître seul car aucun avocat n'a, pour l'instant, été désigné pour le défendre selon le tribunal de Guéret.
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